Une nouvelle piaule ! [terminé]

17 heures enfin la fin des cours. La sonnerie retentit et réveilla le félin en sursaut. Il regarda autour de lui l'air hébété. Il s'était endormi sur sa table et avait encore la marque des spirales de son cahier sur le visage. Il se frotta les yeux, s'étira et jeta un œil sur sa voisine cherchant à voir si elle notait des devoirs. Mais déjà une bonne partie de la classe était partie, les derniers s'activaient à ranger leurs affaires. Venioc fit de même, il verrait plus tard pour les devoirs et la leçon qu'il avait loupée. Dans le couloir, il retrouva l'échidné, il lui fila une grande tape amicale dans le dos.

"Ça c'est le meilleur moment de la journée ! On a une heure de liberté à l'internat. Tu vas pouvoir t'installer. "

Sans plus attendre, le chat guida Hunter jusqu'à l'internat tout en continuant sa visite guidée.
Il secoua sa main droite, endolorie par l'impact contre l'échidné.

*La vache c'est qu'il a la peau dur ce type. *

Venioc lui montra les sanitaires tout en lui expliquant les précautions à prendre.

"Toujours bien fermer ton placard à clé et tu la gardes toujours sur toi," dit il en montrant la sienne attachée à une chaîne pendant à son cou. "Ensuite tu gardes ta serviette avec toi, sinon tu risques de revenir à la chambre à poil. "

Le félin désigna une autre salle, grande ouverte où quelques personnes étaient déjà installées sur de confortables fauteuils. Ils discutaient entre eux et se turent brusquement lorsqu'ils virent les deux hybrides dans l'encadrement de la porte. Sans prêter la moindre attention à eux le dragueur continuait :

"Là c'est la salle de détente, y'a une télé et une console mais faut ramener ses jeux parce que ceux des pions, ils sont nuls."

Ils passèrent devant une pièce comportant un seul lit vide.

"La chambre du pion ! Je me demande qui on a ce soir?"

Le félin continuait d'avancer jusqu'au fond du couloir. La pièce la plus éloignée de l'entrée. Il ouvrit la porte et pénétra à l'intérieur.
C'était une grande pièce, quelques posters de célèbres groupes de rock étaient affichés aux murs. Trois lits s'alignaient contre celui de droite, séparés par une petite table de chevet. Le premier, celui près de la porte, était parfaitement rangé. Le drap tiré, une valise ouverte et vide dessus, le placard et le bureau qui lui faisait face étaient aussi parfaitement rangés.

"Voilà, fait pas gaffe au bordel !! J'ai pas eu le temps de ranger ce matin."

Il fallait avouer qu'il n'avait jamais le temps de ranger le matin, ni à aucun autre moment de la journée d'ailleurs. Venioc s'empressa de jeter son sac dans un coin et alla se jeter sur le lit du fond qui contrastait avec le premier par un bordel monstre. La couette était en boule au pied du matelas, un monticule d'affaires diverses s'étalait un peu partout par terre. Du pouce, il désigna le premier lit.

"C'est là que le gosse était, mais ils m'ont demandé de faire sa valise. Je crois qu'il ne reviendra plus. Sauf que je n'ai pas la clef de son placard. Alors j'attends qu'on me la ramener. Tu peux prendre l'autre. "

L'autre en question, la troisième place était vide de présence. Il n'y avait qu'une couette sans housse, un oreiller. Le placard était grand ouvert et vide. En attendant que son nouveau compagnon de chambre s'installe ou fasse ce qui il voulait, Venioc ouvrit son placard et en sortit ses deux biens plus précieux. Son carnet, celui où il notait ce qui serait son futur chef d'œuvre littéraire et sa basse. Un bel instrument bleu métallisé. Il lança le carnet sur le lit et alla s'y installer. Il se mit à jouer quelques accords, juste pour s'échauffer et vérifier que la basse était toujours bien accordée. Le chat jouait à l'oreille, il n'avait jamais appris ni le solfège, ni quoi que ce soit d'autre, il n'avait d'ailleurs pas besoin d'appareil pour accorder son instrument.

Venioc un peu surpris regarda l'échidné plaquer le lit contre la porte sans le moindre effort apparent.

*Bah au moins on aura la paix mais j'suis pas sûr que le pion apprécie. *

"Comme ça on aura la paix ... J'veux dormir peinard, ce soir."

Le félin sourit et s'en retourna à sa basse tandis que Hunter déballait ses affaires. Visiblement, ils étaient aussi bordélique l'un que l'autre.

"Niveau bordel, c'est pas moi qui vais gueuler."

Enfin l'hybride noir sortit sa guitare, l'accorda assez rapidement et se mit à jouer. Venioc s'aperçut alors qu'il la tenait à l'envers, il allait lui faire la remarque lorsqu'il compris. Hunter était gaucher.

"Alors, petit, t'as quelque chose à me proposer ?
- Petit ? Et on a le même âge ! Enfin j'crois, t'as quel âge ?"

Le chat roux se leva et alla fouiller dans le monticule de paperasses qui couvrait le bureau.

"Ouais, j'dois avoir quelque chose dans ce goût là. Quelque part ! "

Venioc fouillait toujours déplaçant la pile du côté droit du bureau sur la gauche. Zelquia lui avait donné quelques tablatures des dernières chansons sorties. Ils devaient les bosser ensemble. Enfin, entre un devoir de physique inachevé et ses notes sur le cours de français, il dénicha les feuillets qui l'intéressaient. Venioc les tendit à Hunter et se réinstalla sur son lit.

"Tu sais les lire ? C'est pas dur, moins que le solfège."

Au passage le rouquin avait gardé le devoir de physique dans les mains, il était à rendre pour le lendemain. Venioc n'avait vraiment pas envie de bosser ce soir alors après avoir longtemps fixé la feuille à moitié remplie, il la fourra dans son sac et reprit sa basse.

"Tu sais y'a une salle de musique ici. On peut demander au prof de nous la laisser un soir. Y'a pas mal de matos, un piano, des amplis et même une batterie. Je connais quelqu'un qui joue du clavier."

Il commença à jouer ce qui correspondait à la première tablature. Si Hunter la connaissait, il le suivrait sans problème. Venioc plaisantait avec beaucoup de chose mais pour la musique, il devenait très sérieux. Ses doigts pinçaient les cordes en rythme, il avait les yeux fermés pour s'imprégner de cette atmosphère de détente. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas joué comme ça.

Ils pouvaient continuer à jouer au moins jusqu'à l'heure du dîner et reprendre après. Une chance pour les deux garçons aujourd'hui c'était leur soirée détente. Une fois par semaine, l'étude était supprimée pour une soirée de loisir. Chacun était libre de faire ce qu'il voulait tout en restant dans l'internat. Bien sûr, il n'y avait rien ici d'intéressant à faire. La salle de détente était presque toujours monopolisée par la bande des lanceurs de bouts de gomme. Venioc préférait aller voir les filles ou regarder les étoiles. Leur chambre se situait au deuxième étage mais il était agile descendre le long de la gouttière ne lui faisait pas peur. Mais ce soir ce serait peut être différent, d'une il ne voulait pas entraîner l'échidné dans ses escapades dès le premier soir et de plus ils auraient une occupation.

*Maintenant ça va dépendre du pion qu'on a si c'est l'autre rhinocéros stupide, il voudra le silence pour regarder son foot. *

Cette éventualité avait deux inconvénients et un atout majeur. L'avantage : ce surveillant ne faisait jamais l'appel Venioc pouvait donc s'éclipser tranquillement. Le problème : impossible de jouer, il fallait faire silence pour le Monsieur et il squattait la salle télé. La bande se retrouvait sans autre centre d'intérêt que de faire chier le monde. Et Hunter les avait particulièrement énervé aujourd'hui. Il n'était pas difficile de deviner qui serait la malheureuse victime de ce soir.

*J'espère que c'est pas lui j'voudrais une soirée peinard pour changer. Bah Je verrais bien quand le pion viendra tambouriner à la porte parce qu'il peut pas l'ouvrir ! *

Venioc, à la fin du morceau, ouvrit les yeux pour regarder son camarade de chambre.

"Et bien tu te débrouilles on dirait ! Ça te dit un bœuf ?"

Mon âge ? J'aurais mieux fait de la fermer ... Je suis plus jeune que j'en ai l'air.

"Bwah ... Seize, je frôle les dix-sept."

A peu près. J'vais pas faire dans le détail ... OMG le bureau. Le mien sera pareil d'ici quelques jours. Haha. A croire que tous les mecs sont aussi bordéliques les uns que les autres. Bref. Je regarde le 'petit' faire. C'est vrai, j'l'ai appelé comme ça. C'est plus une marque d'affection qu'autre chose. Faut pas mal le prendre. Aucun rapport avec l'âge ou le physique ...

"Tu t'en sors ?"

Je peux au moins me vanter d'avoir un bordel organisé. Je retrouve ce que je cherche ... M'enfin, parfois, c'est pas le cas. Mais rarement. Dernier truc que j'ai pas retrouvé ... Mon médiator de deux millimètres. Pas une grosse perte, j'en ai plein les poches ... Bon, il la retrouve, cette partoche ? Ah, faut croire que oui. Voyons voir ... je connais.

"J'ai pas fait de solfège, et t'as de la chance : je connais cette chanson-là."

Et cool, pour la salle de musique ... J'connais un bon batteur. S'il veut bien faire le voyage depuis ma ville ... Hey ! M'a pas attendu, l'enfoiré. Il a déjà fermé les yeux, en plus. Pff. Pas cool. Profite même pas avec son colloc'. Gnan. Bref. C'est parti ... Pas à dire, il se débrouille bien. Un bon rythme, pas de fausses notes ... J'ai pas de mal à jouer non plus. Bon, fermer les yeux, moi aussi j'peux le faire, mais j'préfère garder mes sens entiers pour l'instant. Pas envie de gâcher le truc en me plantant. Pas envie de me faire prendre par surprise s'ils arrivent à ouvrir la porte sous le bruit des instruments ...

La musique a un effet apaisant sur moi. J'me sens encore plus calme et détendu après la fin de ce morceau. J'me sens prêt à affronter ces abrutis pacifiquement ... Si si, c'est possible.

"Et bien tu te débrouilles on dirait ! Ça te dit un bœuf ?
- J'te retourne le compliment ... Mais ... Bœuf ?"

Je connais pas ce mot. Peut-être que j'appelle ça autrement, mais j'ai jamais vu ce terme-là. Moi, quand on me dit bœuf, je pense viande ... M'enfin.

"Si tu m'expliques, pourquoi pas ?"

... A moins ce qu'on ait pas le temps. Ca frappe, à la porte. Et merde. Le pion ? Probablement. Je pose ma gratte sur le lit et accourt en silence (si si !) pour décaler le lit ...

"Ouais, ça va ! J'avais verrouillé."

Fake. Bref. Je déplace le meuble le plus discrètement possible pour le remettre à sa place, puis je fais semblant de déverrouiller la porte.

"... Voilà ... Bonsoir ...
- C'est pas bientôt ... Ah, c'est pas Venioc ... T'es le nouveau, c'est ça ?
- Ouais."

Un pion. C'était bien ça. Moche. Rhinocéros. Pas beau ...

"Vous stoppez le bordel après manger. Ce soir, c'est soirée détente, et on entend pas la télé avec vos conneries. De toute façon, Venioc est au courant."

Mon cul ... On est à l'autre bout du bâtiment ... Pff ... J'te jure ... Encore un footeux, j'parie. Faut croire qu'on a pas de chance : le jour de cette soit-disant soirée détente tombe le même jour que les matchs de foot. Merde. J'aime pas le foot. Bordel. J'aime pas le foot. Fuck. J'aime pas le foot ...
Je referme la porte après m'être assuré qu'il soit allé emmerder quelqu'un d'autre.

"... Sympathique."

Ironie, bien sûr.

"Bon, on fait quoi ? Faudrait qu'on puisse en profiter jusqu'au repas ..."

Après remise rapide de la barricade improvisée, je récupère ma gratte. Je commence un air que beaucoup connaissent ...

"C'est un peu vieux, mais j'pense que tu dois connaître."

Je montre une des affiches au mur. Une des meilleures chansons de ce groupe ... C'est pas le seul à en être fan.

"J'te retourne le compliment ... Mais ... Bœuf ? Si tu m'expliques, pourquoi pas ?"

Venioc ricana. C'est vrai que ce terme est plutôt utilisé dans le jazz mais son mentor en matière de musique était justement un jazzman.

"Un boeuf ? ...Une impro quoi ! On joue un morceau pas préparé comme ça… Juste pour le fun !"

Pas le temps de se lancer, on frappait à la porte de façon bourrine, Venioc baissa les oreilles. Il avait reconnu le style "délicat" du pion Rhino.

*Bon bien pas de chance.*

"Ouais, ça va ! J'avais verrouillé."

Hunter "déverrouilla" la porte. On avait l'impression qu'il déplaçait un fétu de paille. Le félin siffla entre ses dents. Il réalisait que Hunter devait être bien plus fort que la plupart des élèves, tous en fait. C'était sûrement dû à sa race. Les échidnés étaient réputés assez costauds mais la c'était à peine croyable.

*J'suis bien content qu'on soit pote.*

Son coloc' ouvrit la porte et comme le redoutait Venioc c'était le pion rhinocéros. Le félin poussa un long soupir, cette soirée qui s'annonçait sympathique allait virer au cauchemar, il le sentait. N'empêche, la tronche du surveillant était risible. Il s'attendait à trouver un chat roux frêle et de petite constitution ; il se retrouvait nez à nez avec un échidné noir aussi grand que lui et deux fois plus baraquer.

"... Voilà ... Bonsoir ...
- C'est pas bientôt ... Ah, c'est pas Venioc ...
-Y'a pas au dire ce type à le sens de l'observation", ricana le félin suffisamment bas pour ne pas être entendu du surveillant.
"T'es le nouveau, c'est ça ?
- Ouais."

Il regarda dans la chambre comme si il cherchait quelque chose d'illicite. N'importe quoi pouvant lui servir de prétexte pour les emmerder. Mais ne trouvant visiblement rien en dehors des deux instruments. Il les désigna d'un air dédaigneux en marmonnant :

"Vous stoppez le bordel après manger. Ce soir, c'est soirée détente, et on entend pas la télé avec vos conneries. De toute façon, Venioc est au courant."

Aussitôt que l'échidné eut refermé la porte, le chat ronchonna. Ils n'avaient vraiment pas de chance.

"... Sympathique.
- Et d'une grande intelligence ! " continua Venioc sur le même ton.

Il fallait qu'il explique les règles particulières qui s'appliquaient avec ce surveillant.

"Ce type est un fanatique du foot, si il peut pas écouter son match, il va être exécrable toute la soirée. C'est pas de chance.
-Bon, on fait quoi ? Faudrait qu'on puisse en profiter jusqu'au repas ..."

Hunter réinstalla sa barricade et reprit son instrument.

"Ouais pour le moment il peut rien dire. Au pire on peut jouer dehors, on a le droit de sortir dans la cour de l'internat jusqu'au repas. Après c'est plus vraiment autorisé mais… comme il sera devant sa télé…"

Venioc espérait que Hunter comprendrait le message. Il était nouveau, il ne pouvait pas décemment lui demander d'enfreindre le règlement dès le premier jour. L'hybride noir se mit à jouer un air connu.

"C'est un peu vieux, mais j'pense que tu dois connaître.
- Et comment que je connais, j'adore. "

Aussitôt le chat commença à jouer lui aussi. Ils enchaînèrent ainsi plusieurs morceaux. Ils ne furent pas vraiment dérangés en dehors de quelques coups dans la porte et le pion qui gueulait de jouer moins fort. Encore heureux qu'ils n'avaient pas d'ampli. Venioc s'arrêta un moment pour reposer sa main gauche. Il venait de faire des accords assez difficiles. Assis en tailleur sur le lit, la basse sur ses jambes, il s'appuyait dessus les bras croisés en fixant l'échidné.

"Tu sais, les filles adorent les musiciens…"

Chassez le naturel... Il revient au galop.

"Y'a un truc que j't'ai pas fait visiter. Dehors derrière la cour, il y a un petit bois. C'est un endroit tranquille et calme. En général y'a pas grand monde mais c'est là-bas qu'on peut retrouver les filles. Si tu veux on peut y faire un tour juste avant de manger ?"

D'ordinaire, c'était à cet endroit que Venioc se rendait le soir pour pouvoir tranquillement discuter avec Zelquia. Un lieu assez éloigné des bâtiments pour la nuit tombée, jouer un peu de musique sans être entendu par les pions. Surtout si le son des commentaires de foot couvrait tout le reste.

Hunter avait fini par virer sa chemise et cela confirmait les soupçons du félin.

"La vache t'es baraqué toi. "

Venioc plissa les yeux, un sourire en coin. Il croisa les bras dans une pause qui se voulait sérieuse. Il jaugea l'échidné du regard l'observant des pieds à la tête.

"C'est bien utile pour draguer ! Dis… Tu vas pas me faire de l'ombre j'espère. "

Il avait dit ça d'un air mi sérieux mi amusé. Il avait bien compris, à sa manière d'agir avec les filles qu'ils avaient croisées, que Hunter était du genre timide avec le beau sexe. Venioc éclata de rire avant de s'en retourner à sa basse, de l'empoigner et de gratter quelques notes. Mais il y avait une chose plus intrigante chez l'échidné que sa musculature hors norme. Le chat n'avait rien dit ni fait de remarque, mais d'où pouvait bien venir cette longue cicatrice qui lui barrait le torse. Elle avait de drôle de reflet argenté, comme ses dreads.

*Je me demande comment il s'est fait ça ?*

Chacun avait sa part d'ombre dans son histoire, Venioc aussi et il savait qu'il y avait parfois des secret à ne pas révéler au premier venu.

"Pour l'impro ... Pourquoi pas ? Par contre, pour sortir ... J'dois t'avouer que j'attendais que ça.
- Ah ça c'est une bonne nouvelle ! "

D'une il ne serait pas contraint de rester ici toute la nuit ; de deux, il pourrait demander à Zelquia ses cours. Avec l'arrivée d'Hunter, il n'avait pas eu le temps de le faire.

"Pour l'instant ... J'propose de jouer encore un peu puis d'aller prendre une douche ... Et tu peux pas savoir à quel point j'ai envie d'emmerder ce pion. T'as ton ampli à l'internat ? J'peux m'arranger pour avoir le mien d'ici demain.
- Malheureusement non mon ampli est dans la salle de musique. C'est plus sécurisant. Pour la douche on ira chacun notre tour ce sera plus pratique pour surveiller les affaires. "

Jusqu'à maintenant étant seul dans la chambre Venioc se contentait d'enfermer toutes ses affaires dans le placard. C'était d'ailleurs pour cela que l'ampli se trouvait dans la salle de musique. Il ne rentrait pas dans le placard. Il lui arrivait parfois de retrouver ses feuilles et ses cahiers parsemer dans le couloir, mais ce n'était pas bien grave.

"Bah de toute façon c'est pas lui qu'on aura demain. Peut-être dans la semaine faut voir ils changent souvent. "

Il fallait avouer que le chat non plus n'appréciait pas vraiment ce pion pas plus que sa passion exacerbée pour le foot. Lui jouer un mauvais tour serait amusant mais si ils devaient le payer tout le reste de l'année c'était pas forcement judicieux.

"M'enfin ... Impro, pour l'instant. A toi l'honneur, je suis.
- Ok. "


Le rouquin reprit sa basse et après un moment de réflexion se mit à jouer. C'était un air de son invention, il allait rapidement voir si Hunter pouvait suivre en improvisant. Si c'était le cas ils pourraient peut être travailler à des morceaux de leur invention. Venioc se demandait si Hunter composait aussi. Ce genre d'exercice entraînait parfois des sons étranges et pas vraiment en accord. Mais c'était un bon moment. Malheureusement, il fallait y mettre fin. Bientôt ils iraient manger et ils devaient encore prendre une douche. Venioc y alla en premier ça laisserait le temps à Hunter de finir de s'installer. Il traversa rapidement le couloir pour se rendre aux sanitaires et prit sa douche tout aussi rapidement. Il en avait pris l'habitude pour pouvoir regagner vite sa chambre. De plus ils étaient les derniers à passer, il n'y avait presque plus d'eau chaude. Le félin regagna la chambre espérant que lors de sa courte absence, l'échidné n'avait pas provoqué de catastrophe. Sait-on jamais !

Lui faire de l'ombre ? Nan. Il s'en doute, de toute façon. Ça se voit. Bref. J'ai d'autres préoccupations pour le moment ... Et pour ce qui est de la douche, un plan foireux est en train de germer dans mon esprit. Mais on verra plus tard. Pour l'instant, place à la musique ... Et à l'impro. Venioc commence un air. De sa composition, sûrement. Ça m'a l'air d'être déjà travaillé ... Travail que je n'ai pas pour l'instant. Je fais quelques impros de temps en temps, mais elles sont éphémères ... Je ne les garde que très peu de temps.
Une note. Un accord. Ça m'a l'air de correspondre ... J'ai plus qu'à enchaîner là-dessus. Pas trop grave, pas trop aigu ... Faut bien que je me cale sur le rouquin pour le rythme. Ça devrait pas poser de problèmes. Je suis plutôt rythmique que solo ... Même si je me débrouille.
En très peu de temps, j'ai compris l'air de Venioc. C'est pas si dur. Il suffit juste de voir quand il y a une reprise, une accélération, une variation ... C'est qu'il me plaît le petit. Il se débrouille très, très bien. Et j'aime pas composer. Je trouve que ce que je fais est plus que passable, pour rester poli ... Bref.

Fini. Pas mécontent de cette 'séance'. Maintenant, c'est parti pour la douche ... Venioc en premier. Pendant ce temps ... J'ai de quoi m'occuper.
J'dois avoir ça quelque part ... Dans mes affaires ... Ah, le voilà. Un petit miroir. Parfait. Je le place sur le bord de la fenêtre, face à la porte, et l'oriente de façon à ce qu'on ne puisse pas voir certaines parties de la chambre depuis la porte d'entrée. Là.
Bon, maintenant, il faudrait que je me trouve à la fois à l'intérieur et à l'extérieur de la chambre ... Difficile à faire. On est au bout du couloir ... Par conséquent, je ne peux partir que d'un seul côté. faudrait que je speede. Et faudrait pas qu'on me voit sortir et rentrer à nouveau ... Ce qui reviendrait à utiliser monsieur l'endormi. Sauf que si quelqu'un me voit dans cet état-là, je suis bon pour être viré à nouveau. Comment je vais arranger ça ...
Je sors ma tête par la porte. Personne. Toutes les portes sont fermées ... Je rentre à nouveau et ouvre la fenêtre, puis retourne guetter le couloir. Bon, c'est parti. Je respire un grand coup ...

"Venioc ! T'as oublié ta serviette !"

J'ai gueulé suffisamment fort pour qu'on m'entende à l'autre bout du couloir. Forcément, Venioc ne peut pas m'entendre, avec l'eau qui coule ... Maintenant, me reste qu'à faire semblant de partir ... En fait, je crois que je vais vraiment partir. Si je me souviens bien, il y a une fenêtre dans les sanitaires. Mais faut vraiment que je speede.
Go. Au début, j'y vais doucement, sans faire de bruit, histoire de gagner un maximum de temps. Arrivé devant les sanitaires, grand coup de pompe au sol. Je rentre en trombe dans la salle, ouvre la fenêtre ... Et saute. Mes racines m'ont donné la capacité de planer, je vais pas m'en priver. Le plus dur reste de longer le mur entre les fenêtre du rez-de-chaussée et du premier, tout en sachant que je peux perdre de l'altitude à tout moment ... Heureusement pour moi, il y a pas mal de vent ce soir. Ce qui fait qu'en moins de dix secondes, j'atteins ma chambre ... Je m'accroche. Et là, malheur : j'entends les bruits de pas qui se rapprochent. Merde, faut que je me bouge.
Je me hisse en vitesse et atterrit dans la pièce en faisant une roulade. Je me relève, deux pas ... J'arrive juste derrière la porte grande ouverte au moment où une bande qui commence à m'être familière passe sa tête par la porte.

"Y a personne ... On y va."

Mauvaise idée, les gars. Grâce au miroir, je vois le premier entrer ... Enfin, tenter de passer la porte. Au moment où il devrait être dans le pièce, je donne un grand coup de pied dans la porte. Résultat : il se la prend en pleine gueule, tombe à la renverse, heurte son pote ... Et le meilleur dans tout ça, c'est que la porte se ferme.

Le temps qu'ils se relèvent, je peux prendre le mien pour retourner à la salle de bain en planant de nouveau. Plus difficile, cette fois. Je dois m'arrêter en plein milieu pour finir en escaladant. Bref. Je passe la fenêtre juste au moment où Venioc sort de la douche ...

"Dépêche-toi, ils sont devant la porte ... J'ai fait croire que je t'avais apporté ta serviette."

J'y vais en premier. Je feins l'étonnement ...

"Ben alors ? Qu'est-ce qui se passe ici ?"

Je crois que j'y suis allé un peu fort. Le premier gars a le nez en sang ... Et il est au sol.

"Enfoiré ! C'est toi qui a fait ça !
- Hein ?"

Air perplexe sur mon visage. Je sais que je suis crédible à cent pour cent ...

"Poussez-vous. Et puis d'abord, qu'est-ce que vous foutez devant la porte de notre chambre ?"

J'enjambe le type toujours à terre, et ouvre la porte. Avec la fenêtre ouverte, j'ai une parfaite excuse ... Juste à temps pour l'expliquer au pion qui vient d'arriver et qui gueule dans tous les sens.

"M'sieur ... J'ai apporté la serviette de Venioc à la douche, mais j'ai oublié de fermer la fenêtre ... Ça a fait courant d'air, et il s'est pris la porte ..."

Tout ça avec un haussement d'épaules. Je dois avoir l'air du type qui pige pas grand chose.
Le rhino grogne, renifle, puis accepte l'excuse. Il envoie l'autre guignol à l'infirmerie. Les autres me regardent de travers, puis s'en vont ...
Après être de nouveau entrés dans notre piaule, je regarde le rouquin en souriant.

"Les courant d'air, c'est jamais bon pour la santé ..."

Et je vais sous la douche, en recommandant au passage au chat de pousser le lit contre la porte. De mon côté, je pars avec ma serviette ... Seulement ma serviette. Pas de fringues. Au pire, je reviendrai à poil.

***

... Je suis revenu à poil. Forcément. Mais je crois que j'en ai choqué quelques uns au passage. Peace.

[Comme quoi, les pouvoirs d'un échidné ça sert.]

Venioc sortait de la douche encore dégoulinant une serviette nouée autour des reins. Il se retrouvait juste en face de la fenêtre et… de Hunter. Le chat resta abasourdi, figé sur place. Il se demandait ce qui était le plus étrange que Hunter soit ici au lieu de dans la chambre ou le fait qu'il émergeait de la fenêtre.

"Dépêche-toi, ils sont devant la porte ... J'ai fait croire que je t'avais apporté ta serviette."

Alors là le chat était complètement perdu, il lui manquait un morceau de l'histoire. Ils sont devant la porte? Qui? Bah il le découvrit assez rapidement en emboîtant le pas à l'échidné. La scène qu'il découvrit alors juste devant leur chambre le laissa perplexe. Contrairement à Hunter, il n'eut aucunement besoin de feindre l'étonnement, il l'était vraiment. Mais passé la première surprise, il dut se retenir d'éclater de rire. Surtout lorsque innocemment Hunter les interrogea.

"Ben alors ? Qu'est-ce qui se passe ici ?"

Ça c'était pas bien difficile à deviner. Le loup noir assis par terre se tenant le nez s'était sûrement mangé un poing ou autre chose. Le rouquin ne savait pas comment mais une certitude l'habitait : Hunter était responsable de cette farce et Venioc n'était pas le seul à s'en être rendu compte.

"Enfoiré ! C'est toi qui a fait ça !
- Hein ?"

Ne pouvant s'en empêcher le félin persifla :

"Le nez rouge c'est pour être assorti avec la marque que t'as sur le front ?"

Encore une fois Venioc dut se contrôler pour ne pas rire. La tronche de Hunter… celle qui disait 'j'suis innocent !' Et les plus risibles, celles des gars. En dehors de celui qui pissait le sang et pleurait après sa mère, tous le fusillaient du regard. Apparemment Hunter aimait se faire des ennemis et il était au moins aussi doué pour ça, que pour la guitare.

"Poussez-vous. Et puis d'abord, qu'est-ce que vous foutez devant la porte de notre chambre ?"

Juste à ce moment le rhino fit son apparition, le chahut le dérangeait. Il se mit à hurler, demandant ce qu'il se passait. Hunter qui venait de rentrer dans la chambre désigna la fenêtre grande ouverte.

"M'sieur ... J'ai apporté la serviette de Venioc à la douche, mais j'ai oublié de fermer la fenêtre ... Ça a fait courant d'air, et il s'est pris la porte ..."

C'était le moment d'appuyer son camarade. Avec un air faussement innocent le chat affirma de la tête. Il regarda droit dans les yeux la bande qui grognait de rage.

"En fait je suis super distrait, j'avais oublié ! Heureusement que Hunter me l'a ramenée. On vient juste d'arriver. "

Puis s'adressant directement au loup et à ses camarades, il enchaîna.

"Tu voulais nous emprunter quelque chose Kline ?"

Ton ironique et méprisant. Kline que ses amis aidaient à se relever, grommela des insultes mais ses mains toujours plaquées sur son nez sanguinolent l'empêchait d'être clair.

"Ca suffit retournez dans vos chambre ! Kline à l'infirmerie !" brailla le pion avant de repartir vers la salle télé.

Venioc s'empressa de rentrer a son tour et de refermer derrière lui. Hunter était tout sourire en confirmant :

"Les courant d'air, c'est jamais bon pour la santé ...
-Haha pour lui en tout cas ! "

Suivant les recommandations de l'échidné Venioc poussa le lit contre la porte. Et fort heureusement, il ne se passa presque rien pendant le laps de temps où Hunter se douchait. Le chat en profita pour jeter un œil à ses devoirs. Il n'avait pas vraiment envi de la faire mais bon. Sa moyenne frôlait la catastrophe. Il ouvrit son agenda.

"Math exo : rah j'aime pas les maths. Français préparer l'étude du bouquin. J'lais déjà lu entier deux fois. Pour une fois qu'on a un livre intéressant. Physique devoir : Ouais ça c'est déjà dans le sac. "

Plein de bonne volonté, le félin sortit son livre de math ouvrit à la bonne page et commença à lire.

"Rah rien de le lire ça me fiche mal à la tête."

Des coups répétés contre la porte le fit sursauter. Ce n'était pas Hunter, ou alors il prenait sa douche très vite. Venioc se leva pour aller voir mais il n'eut pas besoin d'entrouvrir la porte pour savoir qui était derrière.
Une voix glaciale se mit à chuchoter.

"Ecoute bien matou, ton copain et toi allez payer pour mon frère."

Pas le temps de répliquer le loup s'éloigna, Venioc entendit une porte claquer. Ils devaient s'attendre à des représailles mais quand et où ? C'était la grande question. Venioc se réinstalla sur le lit en attendant l'échidné. Devait il lui en parler ? Sûrement ! mais pas ce soir, il voulait profiter de cette soirée. Le temps que Hunter revienne et c'était l'heure d'aller au réfectoire. Venioc était pensif contrairement à son habitude, il ne fit aucune remarque sur le menu du soir. Ce qui ne manqua pas de surprendre le personnel de service. Il alla s'installer à une table vide.

Hunter venait de s'asseoir en face de lui mais Venioc ne l'avait absolument pas calculé. Il était toujours perdu dans ses pensées. Il essayait d'imaginer quel coup fourré pouvaient leur réserver les loups. Ils n'étaient pas encore arrivés, Kline devait certainement encore être à l'infirmerie et il y avait de fortes chances que son grand frère l'ait rejoint. Venioc recomptait mentalement le reste de la bande, il ne voulait pas se faire avoir par un des autres qui aurait des idées de vengeances. Il recensait tous les coins sombres de l'établissement, tous les endroits où les pions ne passaient jamais et qui feraient de parfaites embuscades.

"Hého ! Tu penses aux nanas ou quoi ?
- Quoi ? "

Il n'avait pas du tout saisi le sens de la question, il l'avait à peine écouté en fait. Le mot nana l'avait sorti de ses songes.

"Ha les filles… Je me demande de quoi elles parlent dans leur chambre. De moi ? "

Excuse bidon… Mais il s'était promis de ne rien dire pour le moment.

"Dans tes rêves seulement !"

Une hérissonne mauve aux grands yeux verts venait de squatter à leur table, elle s'était installée juste à côté de Venioc et lui piqua son entrée sans même demander. Elle se tourna vers l'échidné et lui fit un signe de tête.

"Je m'appelle Zelquia et toi c'est Hunter c'est ça ? "

Question qui n'attendait aucune réponse, il s'était présenté le matin même. Elle se retourna vers le félin qui n'avait plus aucune réaction, il se contentait de manger en silence.

"Je pourrais pas sortir ce soir, j'ai trop de taf. Tiens le cours de chimie et les math. "

Elle tendit des feuilles au chat et le regarda en plissant les yeux. Elle ne le sentait pas dans son état normal. Il n'avait pas protesté pour l'entrée, ne lui avait pas pris son dessert en représailles, ne parlait pas de sa tentative avec Assado du matin… Elle fini par agiter la main devant ses yeux.

"Et ho Veni tu dors ?
- Nan… Faut que j'aille pisser !"

Il se leva brusquement et se dirigea vers les toilettes en dehors du réfectoire. C'était un prétexte. Si il était fermement décidé à ne rien dire à Hunter ce n'était pas pour le faire avec Zelquia. Surtout qu'elle voudrait sûrement intervenir. Il fallait qu'il prenne sur lui pour ne pas prêter attention aux menaces. Après tout ce n'était que des paroles. Il s'étira et puisqu'il était ici autant se vider la vessie. Alors qu'il se lavait les mains, la porte s'ouvrit de nouveau laissant entrer quatre hybrides. Deux canidés un lièvre qui resta près de la porte, la bloquant en s'adossant dessus et celui qui semblait le meneur. Un blaireau qui s'approchait de Venioc avec un mauvais sourire.

"Ha j'avais pas pensé aux toilettes !" murmura le chat.

Le félin, sans se démonter, s'avança vers la porte pour sortir, comme si il n'avait pas remarqué leur manège, évidemment, cela n'eut aucun effet. Arrivé devant le lièvre celui-ci n'avait pas bouger d'un poil.

"Excuse-moi mais là tu bloques la porte !"

Aucune réponse et surtout les trois autres l'encerclaient. Un premier coup dans les reins, le fit gémir. Pourtant, il s'y attendait et tenta de riposter mais il se retrouva rapidement entravé par les deux acolytes du blaireau.

"Daïlaren veut s'occuper personnellement de l'échidné, mais il nous a laissé carte blanche pour toi ! ricana l'hybride blanc et noir.- Pourquoi il est trop occupé à soigner son maladroit de petit frère !"

Venioc avait les deux bras bloqués dans son dos, c'était vraiment pas le moment de faire le malin et il regretta aussitôt cette dernière phrase. Un nouveau coup le plia en deux et faillit lui faire rendre son dîner.


A la table Zelquia se retrouvait seule face au nouveau, elle avait regardé pensivement le félin s'éloigner, puis se retourna vers Hunter.

"Qu'est ce qu'il s'est passé ? Venioc n'est pas dans son état normal."

Un état normal chez le rouquin, se traduisait par un repas où il parlait tellement qu'il était impossible d'une placer une. Elle espérait que Hunter lui expliquerait tout. La hérissonne avait entendu parler d'un départ à l'infirmerie mais ne savait ni qui ni pourquoi. Au bout d'une dizaine de minutes, elle commença à s'inquiéter. Son ami n'était toujours pas revenu. Il ne lui fallait pas trois plombes pour pisser.

Hmm ... Moi qui pensais qu'on ne serait que deux à table, me voilà agréablement surpris. Une demoiselle vient de nous rejoindre. Apparemment, elle connait bien Venioc ... Et moi qui pensais qu'il n'avait aucun 'succès', faut croire que j'me suis trompé. Bref. Elle sait déjà qui je suis, pas la peine d'en rajouter ... Hey ! Elle vient de lui piquer son entrée ! Mais ... Le chat ne dit rien ... Alors j'vais pas rajouter mon grain de sel.

"Enchanté ..."

Restons polis.
Je prends le temps de la décrire pendant qu'elle discute avec son ami. Assurément, elle n'est pas comme les autres filles ... Enfin une fille comme je les aime. Elle doit avoir du répondant, pour être taillée comme ça ... Et puis ... Elle a les yeux verts. Et ça, c'est pas négligeable. M'enfin passons.
Venioc prétexta une envie soudaine d'aller se soulager ... Mouais. M'est avis qu'il pense à autre chose et qu'il veut la paix. Laissons-le tranquille, alors ...

Je le regarde s'éloigner, puis me retourne vers la hérissonne qui m'adresse la parole.

"Eh bien ..."

Par où commencer ?Il s'est passé pas mal de choses depuis ce matin. Dont certaines impliquent le rouquin. Essayons de faire le tri ... Quelques secondes de réflexion ... Voilà.
Je fixe Zelquia dans les yeux.

"Depuis ce matin, j'enchaîne emmerde sur emmerde ... A peine arrivé, on me cherchait déjà. J'étais pas d'humeur ... Bref. On est pas là pour parler de moi. Venioc est la deuxième personne que j'ai rencontré qui ne veuille pas ma peau ... Depuis ce matin, il m'a fait visiter le lycée, m'a débité pas mal de conneries sur ses soi-disant conquêtes ... Mais je l'aime bien. Par contre, je crois que je l'ai impliqué dans mes embrouilles avec Kline et son frère ... Et ça, ça me pose problème. J'ai pas envie qu'il lui arrive un pépin ..."

Révélation soudaine.

"Merde ! Zelquia, viens ! Je crois que le petit a des emmerdes."

J'aurais préféré ne pas l'impliquer là-dedans, mais je pense qu'elle sera un bon atout.
J'ai fait sursauter pas mal de monde. Direction les chiottes ... Bordel, j'aurais du y penser. Va falloir qu'on s'attache avec des menottes, si ça continue.
Je marche rapidement, mais en évitant de rentrer dans les gens ... Parce que j'ai pas envie d'avoir le lycée entier sur le dos.
Arrivée aux toilettes. La porte est fermée, et j'ai beau tourner la poignée ... Ah les enfoirés. Très bien, vous voulez jouer comme ça ... Je cale mon épaule contre la porte.

"Attention je rentre."

Ricanement de l'autre côté ... Bientôt interrompu par l'ouverture un peu brusque de cette foutue porte, et l'écrasement d'un lièvre entre celle-ci et le mur. Rapidement, je jauge la situation : Venioc encadré par deux canidés et un blaireau qui tabasse le pauvre chat complètement entravé ... Ni une ni deux, je me jette sur le blaireau et le plaque à terre. Je lui enfonce mon genou dans le dos.

"Pas bouger, connard. Vous, lâchez-le ou je vous jure que vous passerez la soirée avec Kline."

Intimidés ? Peut-être. En tout cas, j'en ai déjà éliminé la moitié ... Cependant, ils ne veulent pas lâcher prise.

"Vous êtes sourds ... ?"

Pour la peine, j'enfonce un peu plus mon genou dans la colonne vertébrale du blaireau. Il gémit.

"Ta gueule."

Je le frappe au visage ... Pourquoi j'ai fait ça ? Je sais pas ... C'était pas volontaire. Je ne me contrôle pas, parfois ... Et je ne me l'explique pas. Ou peut-être que si. Mais bon. Revenons-en à ce qui se passe dans ces chiottes ... Un lapin HS, un blaireau de même ... Je m'assure qu'il est juste évanoui avant de me relever. Les deux autres canidés sont en position défensive. Ils ont relâche le petit. J'espère juste qu'ils n'ont pas de couteau ...

"Enfoiré !"

L'un charge. La haine aveugle les gens, on dirait ... Il ferait mieux de sortir. C'est ce que lui suggère mon esquive doublée d'un coup de pied au cul. Il s'étale par terre. Je l'empêche de bouger de la même façon que le blaireau, mais sans l'assommer cette fois-ci. De toute façon, même quand je relâcherai la pression, il ne pourra pas bouger avant quelques minutes.

"Bon, fini le bordel ... Tu prends tes potes et tu te barres."

Message d'avertissement destiné au dernier debout, et soutenu par mon regard ... Je veux faire pression sur son esprit. Tout se joue sur la psychologie ... Nous sommes deux, j'ai mis à terre ses trois potes ... Je suis dangereux et il le sait. Mais s'il ne fait rien, il sera traité de lâche et tabassé ... J'ai presque de la pitié pour lui. Mais pas question de lui montrer. Cependant, je vois bien qu'il est tiraillé entre deux choix ... Il fait un pas, hésitant ... Je crois que je dois faire quelque chose. Je me relève lentement et fais un pas vers lui.

"Je t'ai dit de foutre le camp. Dégage ... ou crève."

Merde ... Qu'est-ce qu'il fait, cet abruti ? Il pouvait pas fermer sa gueule ? Il va ruiner ma couverture ! Bordel de merde ...

*Ne dis pas que je ne t'ai pas aidé.*

Pff ... Le pire, c'est qu'il a raison. Le simple changement de voix a fait reculer l'autre ... Mais qui ne me dit pas qu'il va aller alerter un pion ? Merde ! Encore un truc auquel j'avais pas pensé ... Faut pas que je perde le contrôle de la situation ...

"Finalement, j'ai changé d'avis. T'as trop attendu ..."

Je me jette sur lui, colle une main sur sa bouche et l'autre sur sa gorge. Je ne serre pas fort, je ne veux pas le tuer ...

"Zelquia, on prend Venioc et on se barre."

Voilà, maintenant, elle est réellement impliquée là-dedans ... J'enchaîne boulette sur boulette. Faudra que je rattrape ça. M'enfin. Dès qu'elle aura pris en charge le chat, je balancerai un coup de poing dans le ventre de cet ignorant. Ça devrait le laisser HS pendant un petit moment ... Ensuite, on sort comme si de rien était et je ferme la porte. Comme ça, personne ne se rendra compte de ce qui s'est passé ici tant que personne ne sera rentré. Quoique j'ai laissé la trace de mon épaule dans le bois de la porte.
Je suis en train de me faire une foutue réputation ... Je crois que je m'emporte trop dès qu'il s'agit de mes amis. C'aurait été pour ma propre personne, je n'aurais pas été aussi violent. Un coup de poing dans le ventre de chacun aurait suffi ... J'espère juste qu'avec mes conneries, je ne ferai pas fuir le semblant d'amis que j'ai pu me faire.

"Depuis ce matin, j'enchaîne emmerde sur emmerde ... A peine arrivé, on me cherchait déjà.
- L'accueil habituel des nouveaux. J'ai vu.
- J'étais pas d'humeur ... Bref. On est pas là pour parler de moi. Venioc est la deuxième personne que j'ai rencontré qui ne veuille pas ma peau ...
- Venioc ne ferait pas de mal à une mouche.
- Depuis ce matin, il m'a fait visiter le lycée, m'a débité pas mal de conneries sur ses soi-disant conquêtes ... Mais je l'aime bien."

La hérissonne esquissa un sourire Venioc était quelqu'un de gentil mais d'une prétention sans égale. Apparemment Hunter n'était pas dupe.

"Il a dû te présenter toutes les filles du lycée.
- Par contre, je crois que je l'ai impliqué dans mes embrouilles avec Kline et son frère ..."

*Des embrouilles ? Autres que la bataille de gomme de ce matin ?*

"Et ça, ça me pose problème. J'ai pas envie qu'il lui arrive un pépin ..."

Il y eut un blanc l'échidné s'était figé comme si il venait de se rendre compte qu'il avait oublié quelque chose.

"Merde ! Zelquia, viens ! Je crois que le petit a des emmerdes.
- Quoi ? "

Aussitôt abandonnant son repas sur place la hérissonne s'empressa de suivre Hunter à l'extérieur du réfectoire.


Venioc serrait les dents c'était le troisième coup qu'il se prenait dans le ventre et celui-ci lui avait coupé le souffle. Si les deux molosses ne le tenaient pas fermement il se serait effondré au sol. Un goût de sang envahit sa bouche. Quelques gouttes écarlates tombèrent sur le col de sa chemise.

"Je suis sûr qu'avec un œil au beurre noir tu aurais moins de succès avec les filles." ironisa son tortionnaire.

Venioc savait pertinemment qu'il ne le ferait pas. Frapper au visage laissait des traces visibles par les pions qui chercheraient à savoir comment c'était arrivé. Le rouquin n'était peut-être pas capable de répliquer avec ses poings mais il n'avait pas la langue dans sa poche.

"Pourquoi t'es jaloux faut dire qu'avec ta tronche… "

Un nouveau coup dans les côtes cette fois qui le coupa dans sa tirade. Il s'apprêtait à en encaisser d'autres lorsque un raffut pas possible dérangea les hybrides. Hunter venait de défoncer la porte envoyant le lièvre embrasser le mur y laissant au moins une dent et maintenant le blaireau qui le frappait était à terre un échidné sur le dos. Malgré l'injonction de Hunter aucun des deux canidé ne le lâchèrent au contraire Venioc crut que son épaule allait se déboîté.

Zelquia avait suivi l'échidné sans comprendre vraiment mais son instinct lui dictait qu'il était arrivé quelque chose à son ami. Aussi lorsqu'elle le vit dans les toilettes, elle se précipita vers lui. Au passage, elle enfonça son poing dans le visage déjà bien abîmé du lièvre qui venait juste de revenir à lui. L'hybride retomba lourdement derrière la porte. Les deux canidés avaient lâché le chat roux pour s'occuper de Hunter. Venioc s'était appuyé contre un lavabo, une main sur son ventre. La jeune fille le soutint et commençait à partir. L'échidné s'était débarrassé du blaireau et d'un des chiens. Le second semblait mort de trouille.

"Je t'ai dit de foutre le camp. Dégage ... ou crève."

Et il y avait de quoi. Hunter venait de parler avec deux voix différentes. Et la seconde était glaciale. Zelquia et Venioc se regardèrent sans échanger un mot, depuis le temps qu'ils se connaissaient, ils n'en avaient pas besoin. Finalement l'hybride noir se ravisa.

"Finalement, j'ai changé d'avis. T'as trop attendu ..."

Il assomma proprement le dernier agresseur et leur suggéra une retraite rapide et discrète.

"Zelquia, on prend Venioc et on se barre."

Inutile de revenir dans le réfectoire, pas avec le félin qui tenait à peine sur ses jambes. Zelquia prit les devants et l'emmena dans une salle de cours vide. Ici ils seraient tranquilles. Elle aida le rouquin à s'asseoir et vérifia qu'il n'avait rien de casser.

"Aïe… Mais fait gaffe ! Ca fait mal !" maugréa Venioc lorsqu'elle passa la main sur ses côtes.
"Arrête de pleurnicher chochotte."

Elle poussa un soupir et se planta devant le chat les poings sur les hanches. Elle lui fila une tape sur le crâne.

"Imbécile qu'est ce que t'as encore fait pour t'attirer des ennuis.
- Mais heu… J'suis à l'agonie et tu me tapes ?!

Sans faire attention aux protestations de Venioc, elle se retourna vers Hunter. Il allait devoir s'expliquer.

"Bon la bataille de gomme de ce matin n'est pas la seule raison de ce passage à tabac ? Tu m'expliques tout. "

Ce n'était pas une demande même si le ton de sa voix était calme. La hérissonne ne supportait pas qu'on s'en prenne à ses amis. Venioc avait déjà eu des ennuis avec cette bande parce qu'il avait pris la défense de son ancien coloc. Visiblement Hunter était parfaitement capable de se défendre seul. Alors pourquoi se retrouvait-il dans cette situation ?

"Zel laisse tomber, c'est pas grave ! Ils frappent comme des filles ! Même pas mal ! "

Il s'adressa directement à Hunter, il regrettait de n'avoir rien dit plus tôt.

"Le frère de Kline, le loup à qui t'as arrangé le portrait, c'est mis en tête de nous le faire payer. D'après ses couillons, il veut s'occuper de toi personnellement. T'as pas à redouter ses sbires pour le moment."

Puis il poursuivit s'adressant cette fois à la hérissonne.

"Hunter n'y est pour rien depuis l'affaire de Marvin, Daïlaren ne me lâche pas. C'était juste un prétexte. Et puis on dirait qu'il s'est trouvé une nouvelle victime."

La sonnerie annonçant la fin du temps de pause pour le dîner retentit. Zelquia secoua la tête d'un air exaspéré. Pas un instant, son regard émeraude n'avait quitté l'échidné. Elle ne savait que penser de ce garçon.

"Retourne à l'internat, si le pion te voit comme ça, il va poser des questions !" dit-elle en désignant la chemise blanche de Venioc qui s'était tachée de rouge.
- Et merde, j'en ai pas d'autre pour demain…
- Moi je retourne au réfectoire ranger nos plateaux. Je vous retrouve dans le bois à neuf heures. "

Sans attendre de réponse, elle sortit et tourna rapidement dans le couloir laissant les deux garçons seuls dans cette salle de classe vide. Venioc n'avait pas l'intention de demander quoi que ce soit au nouveau. Si Hunter voulait en parler ce serait son choix. Pour le moment la hérissonne avait raison, ils devaient rentrer à l'internat sans se faire voir et se changer rapidement. D'un revers de main, il essuya les dernières traces de sang qui coulaient et se leva. Contrairement à ce qu'il avait dit à la hérissonne pour la rassurer, il souffrait encore des hématomes qui se formaient aux points d'impacts. Une violente douleur dans le ventre l'empêcha de se lever et son visage se tordit dans un rictus.

"Heu tu veux pas me filer un coup de main ? J'ai un peu mal quand même. "

Hunter l'aida à revenir jusqu'à la chambre.

"Allez, faut qu'on soit en forme pour vingt-et-une heures ... C'est la demoiselle qui l'a dit.
- Quelle demoiselle ?"

Perplexe le félin le regarda sans comprendre. Au bout d'une bonne dizaine de secondes à chercher qui pouvait être la demoiselle en question, il réalisa.

"Ha Zel c'est pas une demoiselle. Ça se saurait si c'était le cas. J'veux dire c'est une fille mais c'est pas une vrai fille, tu comprends ?"

Aucun doute que l'échidné ne devait rien comprendre, mais c'était pas bien grave. Qui comprenait Venioc ?

"Elle est pas comme les autres, elle se maquille pas, elle raconte pas de potins s'intéresse pas aux stars et aux magazines people. Tout ce qui l'intéresse c'est le sport et la musique. Ho fait gaffe c'est une brute aussi. "

Venioc se laissa tomber sur son lit en soufflant. Il devait avoir un tube de pommade quelque part dans son placard mais fallait se relever fouiller dans son bordel pour le retrouver. Trop d'effort pour le moment, il voulait juste éviter de bouger de trop. Hunter était appuyé contre la fenêtre l'air songeur. Il se retourna soudain vers Venioc :

"Comment tu comptes descendre ?"

Bonne question d'ordinaire Venioc empruntait la gouttière qui passait tout près de leur fenêtre. Il soupira il n'y avait pas d'autre moyen la porte d'entrée de l'internat était fermer à clef. Ce serait sûrement un peu plus difficile et plus long mais c'était faisable.

"Comme d'hab par la fenêtre. "

Il se redressa et retira sa chemise, il la roula en boule et la jeta dans un coin de la chambre déjà bien encombré. Il avait deux beaux hématomes, le premier s'étalait sur son ventre irrégulier et le second dans le dos, à la hauteur du rein droit. Celui là, il le devait à un des canidés qui lui avait enfoncé son genoux dans les reins pour se venger d'un orteil écrasé. Le félin alla chercher sa pharmacie personnelle. Il faut bien avouer que dans cet établissement, il était préférable d'avoir sa propre pharmacie. L'infirmière était compréhensible et gentille mais elle posait parfois trop de questions. Venioc en sortit deux cachet d'analgésique, avala le premier et fourra le second dans la poche de son jean. Ça pourrait servir plus tard. Il dégota le tube et s'en appliqua sur le ventre. Par contre pour celui qu'il avait dans le dos, il lui faudrait de l'aide. Venioc se rassit sur le lit et tendit le baume à l'échidné.

"J'aurais préféré une jolie infirmière mais j'ai que toi sous la main alors… Dit il haussant les épaules."

Il se retourna pour lui montrer le bleu qu'il avait dans le dos, juste à côté d'une fine cicatrice déjà ancienne. Contrairement à Hunter, Venioc n'avait pas grand chose à cacher.

"La bande de Kline s'en prend à tous les nouveaux qui arrivent en cours d'année c'est une sorte de bizutage. J'ai rejoint ce lycée l'an dernier aussi en cours d'année à cause d'un déménagement. "

Il s'arrêta un moment. Les causes du déménagement ? Pour le moment, il lui était encore trop difficile d'en parler. Seule Zelquia était au courant et c'était peut-être mieux ainsi.

"J'ai eu le droit à l'accueil de boules de gomme mais un peu comme toi, j'ai répliqué et Kline c'est pris une heure de colle par ma faute. Deux jours après, en plein jour, je me suis fait agresser dans la rue qui est à côté du lycée. Je ne l'ai pas vu mais le couteau je l'ai senti passer. "

Venioc s'arrêta de nouveau, il fallait que Hunter comprenne que les deux frères ne plaisantaient pas. Ils avaient des amis à l'extérieur.

"J'ai eu de la chance, c'est passé à deux doigts de la colonne."

Il se leva et s'étira. Les douleurs s'estompaient, le comprimé commençait à faire effet. Il attrapa un T-shirt noir et le passa rapidement. Il se retourna vers l'échidné en souriant.

"Zel ne sait rien de cette histoire et je préfère. Je voudrais pas qu'elle se mette en tête de me venger. Même si l'idée d'une vengeance me plairait bien."

Venioc recommença à fouiller dans son placard et en sorti une lampe torche, qu'il lança à l'Hunter.

"Y'a pas d'éclairage dehors et les arbres cachent la lune. Tu vas en avoir besoin. "

C'était pas son cas, c'est bien connu les chat sont nyctalopes.

Zelquia, pas une demoiselle ? J'hausse un sourcil. Je ne comprends pas ... Un peu plus de précisions seraient les bienvenues ... Ah, merci. Comment ça ? C'était juste ça qui le dérange ? Mais mon vieux, faut savoir voir les gens comme ils sont ... M'enfin, je préfère garder mes avis pour moi. Ça m'évitera de longues et ennuyeuses discussions.
En tout cas ... La description qu'il m'en fait me plaît bien ... Les filles qui en font trop, c'est pas mon truc. Ni celles qui ne peuvent s'empêcher de bavasser vingt-quatre heures sur vingt-quatre ... Je baille. Faut que j'arrête de penser à des trucs assommants. Bwah.

Le petit compte passer par la fenêtre. Le 'comme d'hab' laisse suggérer que c'est pas la première fois qu'il fait ça ... J'ai pas de souci à me faire, alors. Il sait se débrouiller comme un grand. J'aurais pas de petits morceaux à récupérer en bas Puis j'arriverai à le suivre ... Ou l'inverse. Tout dépend de ce qu'il vaut. M'enfin c'est un chat. Faut pas oublier non plus qu'il est blessé ... Et que j'ai une grosse carcasse. On verra tout ça une fois en bas ...

"J'aurais préféré une jolie infirmière mais j'ai que toi sous la main alors…"

Hein ? Quoi ? ... Ah. J'esquisse un petit sourire.

"On fait avec les moyens du bord, petit ..."

Je passe dans son dos. Oh, il a bien morflé ... Se sont pas gênés pour les coups bas. Et j'ai l'impression que c'est pas la première fois ... Cette cicatrice, là ... Je sais très bien ce que c'est. On ne peut avoir ça qu'en ayant frôlé une lame ... Ça, c'est pas cool du tout. J'ai du souci à me faire ... Pour lui. J'ai pas peur de ça. J'ai plutôt peur qu'ils embrochent Venioc. Mais ça ne se passera pas comme ça. Quitte à servir de bouclier hybride ...
Je le laisse déblatérer son histoire tout en m'occupant de son dos. Ça confirme ce que je pensais. Kline fout la merde, Daïlaren passe derrière pour s'assurer que personne ne fasse entrave à son frère ... D'un côté, je les comprend. L'un protège l'autre. Mais d'un autre côté ... Ils ont pas à faire ça. S'ils se comportaient normalement, il n'y aurait pas autant d'emmerdes.

*Tout le monde a sa part d'agressivité cachée en soi.*

... Je ne ferai aucun commentaire là-dessus.

"J'ai eu de la chance, c'est passé à deux doigts de la colonne."

En effet. Et je veillerai à ce que ça ne se reproduise pas ... Je ne pourrai dire comment, je me suis déjà attaché au gamin. Puis j'dois réparer mes erreurs, aussi. C'est de ma faute s'il est dans cet état. Il ne peut pas le nier. Même avec ses antécédents ... Non, c'est de ma faute. Encore et toujours. J'ai l'habitude. Qui déclenchait les bagarres ? Ceux qui voulaient ma peau. Je ne sais pas pourquoi. Mais ça tournait en véritable bordel à chaque fois, parce que j'avais quelques amis qui connaissaient pas mal de monde ... M'enfin. Tout ça, c'est du passé. Stop.

"Zel ne sait rien de cette histoire et je préfère. Je voudrais pas qu'elle se mette en tête de me venger. Même si l'idée d'une vengeance me plairait bien."

... Oh ? Bien. Je ferai en sorte de ne rien dire à la demoiselle ... Mais dans un murmure, je ne peux qu'affirmer une chose.

"... Ta vengeance, tu risques de l'avoir sous peu ..."

C'est vrai quoi. Je sens que ça va mal tourner, cette histoire. Ce qu'il faut, c'est régler ça discrètement. Pas comme avant. Fini les rassemblements à remplir un quartier. Discrétion ... Ils auront leur leçon d'éducation.

J'attrape une lampe de poche de justesse.

"Y'a pas d'éclairage dehors et les arbres cachent la lune. Tu vas en avoir besoin.
- ... Mouais."

Peut-être ... Ou peut-être pas. Suffit de s'habituer à l'ombre. Puis la lampe, c'est un coup à se faire repérer. M'enfin. Je la prends quand même, sait-on jamais ... Ça pourra toujours servir à quelque chose.

Bon. Bientôt neuf heures ... Mon fidèle couvre-chef reprend sa place habituelle. Pas question de laisser ça là.

"On éteint toutes les lumières et on y va ... A toi l'honneur, j'te suis."

J'espère qu'il tiendra le coup. Il a pris ce qu'il fallait niveau médocs, j'ai vu la boite. Je ne peux rien faire ... Je m'y suis fait, à force.

*Allons-y !*

Il était plus que temps d'y aller, Venioc ferma avec précaution son placard. Il ne doutait pas un instant que même la serrure en morceau, personne n'entrerait. Le félin enjamba la fenêtre, s'agrippa à la gouttière et commença la descente agilement. Bon c'était beaucoup plus difficile qu'il ne se l'imaginait et mit plus de temps que d'habitude. Arrivé à un mètre du sol, il n'y avait plus de gouttière, il sauta et atterrit souplement dans l'herbe sans faire le moindre bruit. Mais il étouffa un juron, il avait l'impression que son estomac allait se retourner. Il faisait nuit noire mais Venioc voyait presque comme en plein jour. Il leva le nez pour voir comment son compagnon se débrouillait.

Le point de rendez vous était plus loin. Le parc du lycée était assez grand. Tellement que l'on organisait des courses d'orientation dedans. Venioc ne pouvait s'empêcher de repenser à cette phrase. "... Ta vengeance, tu risques de l'avoir sous peu ..." Qu'est ce que l'échidné avait derrière la tête ? Le rouquin attendit que Hunter l'ai rejoint.
Hunter semblait bien chargé. Ce qui renforça la conviction du félin, il préparait quelque chose.

"Tu m'expliques ton plan ?"

Bien que l'envie de jouer un sale tour aux frères lui faisait envie, Venioc redoutait un peu cette histoire de vengeance. Il connaissait bien la hérissonne et était persuadé qu'elle voudrait les accompagner. Zelquia était l'une des meilleures élèves du lycée et prévoyait d'entrer dans une grande prépa. Ce serait impossible si une tache venait encrasser son dossier scolaire. Si les rôles étaient inversés, si la hérissonne le protégeait des mauvais coups, lui faisait son possible pour la tenir éloignée de ses problèmes. Il ne voulait en aucun cas ruiner ses chances de réussir ses études.

Ils passèrent sous les fenêtres des deux frères et surprirent une discussion agitée. Même si il était impossible d'en saisir le sens, le chat roux était persuadé que la conversation portait sur les évènements de ce soir. Il ne s'attarda pas en restant ici longtemps, ils augmentaient les risques de se faire prendre par les pions. Rapidement, il guida l'échidné jusqu'au point de rendez vous. Il ne prenait pas les chemins balisés et s'enfonçait dans le sous-bois, là où pullulaient ronces, racines dépassant de terres, le tout caché par des herbes hautes qui entravaient la progression surtout dans le noir. Malgré le faible rayonnement lumineux de la Lune, Venioc voyait presque comme en plein jour, il n'était ralenti que par les élancements qui lui tiraillaient l'abdomen. Plus d'une fois, il dut s'arrêter dans sa course pour souffler un moment.

Le parc du lycée, bâti sur un ancien château, s'étendait sur plusieurs hectares. Ils arrivèrent au terme d'une dizaine de minutes de marche dans une petite clairière en partie mangée par un lac.

"C'est ici qu'on fait les activités nautiques en sport. Tu vas rire, mais j'adore l'eau ! Ce sont bien les seuls sports où j'obtiens de bonnes notes. "

Ironique : un chat qui aime l'eau ! Zelquia était déjà arrivée, elle attendait sur le ponton à côté de petites barques. Inutile de préciser que l'endroit était strictement interdit aux élèves sans être accompagnés d'un prof. Mais bon, ils n'étaient plus à quelques infractions près maintenant. Ici la Lune éclairait vivement le lac, reflétant ses rayons dans l'eau, la faisant miroiter. La hérissonne, en les entendant arriver, se retourna brusquement. Elle avait passé des vêtements plus confortables. Un jean assez moulant bleu clair et un T-shirt large cachant ses formes vert d'eau. Elle avait laissé ses épines libres et sa frange cachait son regard émeraude aux deux garçons. Elle s'approcha d'eux en balayant ses mèches rebelles d'un geste de la main.

"Ca va ? Vous avez réussi à sortir sans difficulté ? Ca va mieux Veni ?"

Le chat afficha son sourire rassurant.

"Je pète la forme !!"

Énorme mensonge, mais c'était pour éviter qu'elle s'inquiète. Déjà qu'elle sortait alors qu'elle lui avait dit qu'elle avait du travail.

Zelquia le jaugea des pieds à la tête, elle n'était pas dupe. Contrairement à ce que croyait le chat, elle savait beaucoup de choses, presque tout. Mais elle ne disait rien. Elle considérait Venioc comme un petit frère et s'arrangeait pour le protéger de loin. D'ailleurs c'était un peu le cas maintenant. Sa nouvelle amitié semblait lui attirer des ennuis, alors elle allait vérifier si Hunter était digne de confiance. Elle se retourna vers l'hybride noir. Heureusement qu'il était habillé en blanc car sinon, il serait difficile de le voir dans l'ombre de la forêt.

"Maintenant qu'on est certain de ne pas être dérangés, je veux tout savoir. Comment tu t'es mis Daïlaren à dos? Et pourquoi tu avais une voix différente tout à l'heure ?"

Venioc grogna, il savait qu'elle ne le lâcherait pas temps qu'elle n'aurait pas de réponses satisfaisantes. Il fallait espérer que Hunter n'était pas aussi têtu parce que dans le cas contraire, ils allaient y passer la nuit. En attendant les réponses de l'échidné, il alla s'asseoir sur un des bancs qui bordaient le lac. Juste pour se reposer un moment.

J'attends que Venioc entame sa descente, puis prends vite fait un sac vide dans mon armoire. Dedans, des affaires noires et ... Une chose longue. Seule une garde neutre dépasse de l'ouverture du sac. Il y a d'autres choses, plus ou moins volumineuses, plus ou moins utiles ... Car en effet, j'ai mon plan. M'enfin. Je lui expliquerai plus tard ...
Je m'agrippe à la gouttière, comme le chat avant moi. Ouais, c'est bien un truc de chat, ça. Sauf que c'est pas pour moi. Le truc grince à chacun de mes déplacements ... Je suis décidément trop lourd. Rah puis merde. Reste quoi, cinq mètres ? Il n'y verra que du feu.
Je me laisse tomber. Juste avant de toucher le sol, j'entame un petit mouvement pour planer ... Ça suffit à ralentir ma chute. Je me pose en silence. Venioc a juste du me voir lâcher la gouttière et tenter de me rattraper ... Ainsi, j'ai caché mon aptitude. Il le saura quand j'en aurais envie.

"Tu m'expliques ton plan ?"

Nouveau sourire carnassier dont j'ai le secret.

"Rien de spécial pour l'instant ... Je compte juste leur foutre une grosse trouille."

Je me tais. J'entends des voix ... Pas la peine d'être un chat pour les discerner. Les interlocuteurs parlent trop fort. En tout cas ... Kline et son frère discutent ferme. Je n'ai pas besoin d'écouter pour savoir de qui ils parlent. Et ils vont en parler encore pendant longtemps ... Sauf si on les en empêche. Bref.
Je suis Venioc. C'est vrai qu'on y voit pas grand chose. Heureusement, pour le moment, nous bénéficions de la Lune. Ce qui ne durera pas. Autant m'adapter tout de suite ... J'affinerai ça en route.
Le rouquin semble connaître son affaire. Pas une seconde d'hésitation. Il doit le faire plus souvent que je ne le pensais. Au bout de dix minutes, nous arrivons à une grande surface miroitante. Un lac. Génial ! Faut traverser ?

"C'est ici qu'on fait les activités nautiques en sport. Tu vas rire, mais j'adore l'eau ! Ce sont bien les seuls sports où j'obtiens de bonnes notes.
- J'aime bien l'eau, moi aussi."

Et j'ai pas besoin de trimer pour avoir de bonnes notes. Vive le peuple échidné.
Je regarde autour de moi. Où est la demoiselle ... ? Ah, là. A côté des barques. Ça va, je m'adapte à l'obscurité.
Zelquia s'approche. J'ôte mon chapeau ... Mais pas le temps de l'ouvrir, elle en a déjà lancé une :

"Maintenant qu'on est certain de ne pas être dérangés, je veux tout savoir. Comment tu t'es mis Daïlaren à dos? Et pourquoi tu avais une voix différente tout à l'heure ?"

Des questions, encore ... Je soupire. Moi qui pensais que tout le monde était au courant, il faut croire que non. Va falloir que je raconte encore. Puis la demoiselle est autoritaire. Si je réponds pas, elle va m'astiquer jusqu'à ce que je crache le morceau, je le sens ...

"... Disons que j'ai répondu un peu trop vivement aux hostilités lancées par son frère."

Et quelle réponse ! Ce headshot était tout simplement ma-gni-fique. Une œuvre d'art ... Quoi ? J'ai les chevilles qui enflent ? Ah, pardon. ~~
M'enfin l'autre abruti a fait des siennes, tout à l'heure. Maintenant, faut que je paye. Ou pas. Y a toujours moyen de contourner le problème ...

"Pour ce qui est de la voix ..."

Sourire moins agressif que précédemment.

"... Secret professionnel, mais ça marche à tout les coups."

Ça c'est fait. M'enfin. Passons à la suite ... Je colle ma main sur la tête de Venioc.

"Je m'occupe du petit à présent. Va plus rien lui arriver de fâcheux."

Vrai. Je vais y veiller personnellement. Tout le monde ne peut pas encaisser autant de coups qu'une armoire à glace. Donc, comme je l'ai déjà dit et répété, je vais m'occuper de Venioc. Et de Daïlaren. Ce soir même. Une petite frousse ... Rien de bien méchant. Mais avant, j'ai un peu de temps. Le mieux, c'est de les attraper quand ils somnolent ... Bref.

"D'autres questions ?"

Sourire bienveillant, presque innocent. Si elle a d'autres questions à poser, c'est pas un problème. Tant que ça touche pas au personnel ... Et elle a l'air de vouloir savoir à tout prix avec quel genre d'individu Venioc traîne. Je lui montrerai qu'elle n'a rien à craindre, si c'est ce qu'elle attend.

Hunter répondit aux questions de la hérissonne. En ce qui concernait les raisons de la rixe. Venioc les connaissait.

"... Disons que j'ai répondu un peu trop vivement aux hostilités lancées par son frère.
- N'empêche, je sais pas comment tu as fait mais le coup de la porte c'était grandiose. Chapeau !"

Le félin se demandait bien quel nouveau tour allait leur réserver son coloc. Il en était presque impatient. Leur foutre la trouille ? Il avait déjà bien réussi dans les toilettes.

"Pour ce qui est de la voix ..."

Le chat dressa l'oreille là ça devenait intéressant. Bien sûr, il n'avait rien demandé parce qu'il ne voulait pas se montrer curieux mais il était quand même bien intrigué. Au moins autant que pour la cicatrice.

"... Secret professionnel, mais ça marche à tous les coups."

L'explication n'en était pas une et connaissant la hérissonne, il y avait de fortes chances qu'elle ne s'en contente pas. Venioc prit les devant. Sans se retourner, il contemplait toujours le lac de son banc, il mit un terme à l'interrogatoire de Zelquia.

"Chacun à ses secrets, tu nous en parleras lorsque tu nous feras confiance. On va pas te forcer ! N'est ce pas Zel ? Mais t'as raison ça leur a foutu une frousse d'enfer."

Il s'arrêta en sentant une main sur sa tête.

"Je m'occupe du petit à présent. Va plus rien lui arriver de fâcheux.- J'y veillerais soit en sûr !"

Zelquia n'avait pas quitté du regard l'échidné, elle était encore très méfiante envers lui. Elle n'arrivait pas à lui faire confiance.

"D'autres questions ?"

"Oui ! Quand me laissez-vous tranquille ? Vous n'êtes pas mes parents ! …Je sais me débrouiller seul."

Venioc avait parler avec hargne, tant il était blessé par leur attitude, il balaya brutalement la main qui lui tenait lieu de couvre chef et se leva. Dos aux deux hybrides, ils ne purent voir la grimace de douleur sur son visage, il serra une main sur son ventre. Il était en colère pas après eux, pas vraiment, plutôt contre leur sollicitude. Ils le couvaient comme des parents veillant à leur progéniture. Cela avait ravivé des souvenirs qui, en ce jour, étaient fort douloureux. Le félin partit d'un pas vif, il s'éloigna de ses amis. Il avait besoin d'être seul un moment. Ce masque de bonne humeur qui d'ordinaire couvrait son visage en toutes circonstances venait de s'effriter pour laisser apparaître sa profonde tristesse.

La jeune fille se sentit très mal. Elle baissa la tête et coucha les oreilles.

"J'aurais pas dû je suis idiote. "

Elle releva les yeux sur Hunter.

"Excuse moi, j'ai été indiscrète. Tout ce que je veux, c'est éviter qu'il soit blessé. C'est mon meilleur ami et il est plutôt fragile comme garçon. Je fais tout pour lui éviter les coups, éviter les blessures et je le touche là où c'est le plus douloureux. Là où ça ne cicatrise pas."

Zelquia regarda dans la direction où avait disparu le félin. Dans deux jours cela ferait un an, un triste anniversaire pour Venioc.

"Si il te fait confiance, alors moi aussi. Il n'est pas doué pour se battre mais il se trompe rarement sur les gens, Enfin sauf pour ses histoires d'amour. "


Venioc avançait sans vraiment faire attention où il allait. Ignorant la douleur qui lui vrillait le ventre. Il s'enfonça dans le bois marchant vite. Mais au bout d'un court moment, il dut s'arrêter et s'adosser contre un arbre. Il avait l'impression que son estomac allait se retourner. Il eut un haut le cœur, toussa et recracha un peu de sang. Jouer les acrobates et courir dans son état n'était vraiment pas judicieux mais il était hors de question que les deux autres s'apitoient sur son sort et le laisse de côté. Le rouquin se laissa tomber assis contre l'arbre, il avait besoin de récupère. Il n'entendait plus la conversation de ses deux amis. Pourtant la nuit n'était pas silencieuse. Avec effort en se tenant au tronc, il se releva et plissa les yeux. Malgré l'obscurité et la distance, il vit nettement plusieurs hybrides se diriger vers l'internat des garçons. Il était près à parier qu'ils ne faisaient pas partie des étudiants.

*Et merde, je savais que ça allait se compliquer cette histoire !*

Le chat repartit en sens inverse il revenait vers le lac. Il pressa le pas voulant prévenir au plus vite ses amis. Deux fois, il dut s'arrêter pour cracher le sang qui lui envahissait la bouche. Lorsqu'il émergea enfin sur les bords du lac, il se dirigea directement vers ses amis.

"Daïlaren a fait venir du monde, j'ai vu une dizaine de gars dans la forêt."

Bien sûr si le loup espérait les surprendre dans leur sommeil ce soir, c'était loupé mais qui pouvait dire ce qu'il mijotait. Ne les trouvant pas, ils seraient parfaitement capables de foutre le bordel dans l'internat. Or le surveillant s'apercevrait très vite qu'il manquait deux personnes dans le bâtiment. Le chat redoutait plus de se faire prendre à enfreindre le règlement que d'affronter la bande du loup noir.

"Zel tu devrais rentrer !
- Pas question on va voir ensemble !"

Elle se retourna vers Hunter cherchant son soutien tandis que Venioc l'implorait du regard.

... Déclic chez Venioc. Le terme et les actions se référençant à des 'parents' ou de la famille tels que les frères ou les sœurs semblent provoquer quelque chose chez lui. Frustration ? Possible. Comme s'il voulait prouver quelque chose à quelqu'un ... Cependant. Zelquia me détourne vite de mes suppositions. Elle semble triste et honteuse tout à coup ... Et cette histoire de blessure qui ne se referme pas ... Une embrouille avec sa famille ? Ou pire ? Je n'en sais trop rien. En tout cas ... Elle m'accorde sa confiance, tout à coup. Je suis étonné. Elle qui se méfiait de tout quelques minutes auparavant ... M'enfin ... Cette blessure est-elle aussi importante que la mienne ? Hmpf. Faut que je lui dise. Mais faut pas qu'elle en parle au petit. J'compte sur elle.

"Il est ... Orphelin ? J'me trompe sûrement, mais j'essaye de composer avec ce que j'ai ... Mais si tu te soucies de ça ... Rassure-toi, je peux très bien le comprendre. Je sais aussi qu'il a besoin qu'on veille sur lui, même s'il n'en a pas envie. Moi aussi, je suis orphelin."

Et doublement. Peu avant d'arriver ici, j'ai appris que ceux que je prenais pour mes parents n'étaient en fait que mon oncle et ma tante ... Qui sont morts trois ans plus tôt, dans des circonstances douteuses. Quoique j'ai peut-être une idée là-dessus. Mais c'est trop sombre pour que je m'y aventure. Pour en revenir au sujet, ce que je sais, c'est que mon père est encore vivant et que ma mère est morte le jour de ma naissance. Il se cache, je ne sais pas pourquoi. Et je n'ai pas eu le temps de découvrir tout ça. J'ai une année scolaire à boucler ...
L'absence de parents m'a fait faire pas mal de conneries, quand j'y repense. Mes parents 'adoptifs' étaient très peu souvent présents, j'ai donc du me débrouiller seul. Et j'ai fait trop de choses que je n'aurais pas faites si j'avais été encadré. C'est pour ça que je préfère veiller sur le petit.

L'arrivée brutale de Venioc me sort de mes réflexions.

"Daïlaren a fait venir du monde, j'ai vu une dizaine de gars dans la forêt."

Le mot tient en cinq lettres : m-e-r-d-e. Bordel ... Pourquoi faut-il que ça aille aussi loin ?

"Ils vont faire une descente ...
- Zel tu devrais rentrer !
- Pas question on va voir ensemble !"

Elle se tourne vers moi, implorante. Mais je secoue négativement la tête. Et, m'aidant de mon regard, j'appuie mes mots.

"Zelquia, rentre à ta chambre, c'est plus sûr."

Regard qui veut dire : 'fais-moi confiance'. Je me tourne ensuite vers Venioc. Même jeu.

"Je crois qu'ils vont avoir peur plus vite que prévu ... Mais toi aussi, tu rentres dans ta chambre. J'en ai pas pour longtemps. De toute façon, ils n'arriveront pas à ouvrir."

Ils n'en auront pas le temps.

"Allez, bougez ! Venioc, je t'ouvre la voie. Rejoins-moi à la lisière des bois."

Je les plante là, courant à toute vitesse à travers les arbres jusqu'à l'internat. Arrivé à la lisière du bois, je marque une pause : ils sont tous là, devant la fenêtre de Daïlaren. Quel magnifique cadeau que vous me faites là ...
Planqué à derrière un arbre, je troque mes vêtements blancs contre une panoplie noire, agrémentée d'une cagoule de la même couleur. C'est pas très esthétique, je sais. Mais c'est le seul moyen de dissimuler efficacement son identité.
Je sors ensuite l'objet intriguant possédant une garde ... Un fourreau, avec un katana à l'intérieur. Souvenirs, souvenirs ... Mais pas question de l'utiliser. Je ne veux tuer personne. Bref.
Je fourre tout ce qui ne me sert pas dans mon sac, puis m'approche en douce du groupe.

"Il est au deuxième ...
- On passe par l'extérieur ?
- On a déjà deux gars à la porte. Ils n'arrivent pas à l'ouvrir. Quelque chose bloque ... (Le loup noir désigne deux gars qui m'ont l'air agiles.) Vous deux, montez par l'extérieur. Débrouillez-vous. Les autres ... Vous passez par cette fenêtre."

Ha. Haha. Très drôle. Mon cher Daïlaren, sais-tu que laisser deux hommes sans défense lors d'une escalade est très mauvais pour leur santé ? Surtout lorsqu'ils doivent aller à l'autre bout de la façade ?
Apparemment, non. Tant pis. Katana sur le dos, je les suis ... En silence. Du noir sur du noir. De l'huile sur de l'huile. Même avec une grosse carcasse, je sais me montrer discret ...

"Attends, faut que je pisse.
- Tu fais chier ... Je commence à monter."

Ton impatience te perdra.
Le premier cherche une prise, puis commence son ascension. Le second, quant à lui, se pose face au mur ... J'entends un bruit de braguette. C'est le moment.
Trois grands pas, et je suis sur lui. Je plaque ma main sur sa bouche. L'autre vient serrer sa gorge.
Je n'arrive pas à m'empêcher d'approcher ma bouche de son oreille. Murmure sifflant.

"Tu sais ... Être seul par les temps qui courent ... Ce n'est pas recommandé ..."

Il s'agite, mais le je maintiens en place. Je ne veux pas le tuer, juste le mettre dans le coma ... Enfin ... Là. Il commence à céder. Coup de genou dans le ventre. Un en moins ...
Je le traîne jusqu'à un bosquet proche. L'autre, au-dessus, est presque en haut. S'il y arrive, je suis foutu.
Une pierre. Voilà ce qu'il me faut. ou alors ...
Un fourreau de katana vole directement jusqu'à la tête de l'acrobate, qui lâche prise sans un mot. Je me place en-dessous pour récupérer son corps, et l'installe avec son pote ... Maintenant, reste à guetter l'arrivée de Venioc.

Après que le chat soit arrivé, je monte le premier à la gouttière. Moins agilement que lui, certes, mais c'est déjà pas mal. Discret coup d'œil dans la chambre. Ça force de l'autre côté de la porte, je l'entends, mais ils tentent eux aussi de ne pas trop faire de bruit.
Je m'introduis dans la chambre.

"Venioc, en caleçon et dans le lit. Discute pas."

Et là, mimant la voix du mec qui vient juste de se réveiller, je gueule :

"Bordel ... Foutez-nous la paix ! On dort."

Silence, tout à coup. Si le pion ne m'a pas entendu ... Tiens, il jure. Il se lève. Même d'ici, je l'entends ... Ni une ni deux, katana et bazar noir sous le lit. Je me retrouve en t-shirt et caleçon. Je décale à nouveau le lit ... Et ouvre la porte au moment où le pion frappe à la porte. Je lui sers ma tronche d'endormi blasé.

"C'est pas bientôt fini ce bordel ?
- J'pourrais vous retourner la question ... Quelqu'un s'amuse à taper à la porte depuis tout à l'heure."

Grommellement. Il regarde à gauche, puis à droite ...

"T'as rêvé.
- Nan, j'vous assure ! Pas vrai Veni ? dis-je en me retournant vers le concerné."

J'utilise le même surnom que Zelquia ... Ça passera mieux. M'enfin. Je jette un coup d'œil dans le couloir. Une porte est mal fermée, deux chambres plus loin ... Faut croire que d'autres représailles auront lieu cette nuit.

Après avoir congédié le pion, je ferme la porte, remets en place la barricade, et ferme la fenêtre ... Avant de reprendre le katana.

"Ça, vois-tu, est ce que l'on appelle une 'arme de dissuasion'."

Je sors la lame du fourreau.

"C'est un souvenir. J'veux pas tuer de gens, juste les faire flipper ... Ce soir, on dormira pas. Mais eux non plus. Je compte aller rendre visite à Daïlaren ... Avec ceci. Juste une petite mise en scène version fenêtre et tenue noire."

Sans parler des fentes violettes à la place des yeux et de la voix super flippante. Déjà que j'dois le faire flipper, avec mon air psychopathe. Voilà pourquoi je veux y aller tout seul ... Mais pour l'instant, debout contre la porte, j'écoute. Je veux connaître la suite du programme. Et savoir si le petit sera sans risque ici ...

"Il est ... Orphelin ? J'me trompe sûrement, mais j'essaye de composer avec ce que j'ai ... "

La hérissonne baissa la tête. Devait elle lui dire ? Ce n'était pas à elle de le faire.

"Mais si tu te soucies de ça ... Rassure-toi, je peux très bien le comprendre. Je sais aussi qu'il a besoin qu'on veille sur lui, même s'il n'en a pas envie. Moi aussi, je suis orphelin."

Elle inspira profondément.

"Je suis peut-être trop protectrice, je l'étouffe. Tu as bien deviné. Mais ne lui en parle pas si il ne le fait pas. Personne ne sait."

Venioc arriva juste à ce moment, coupant court à la discussion. Elle espérait qu'il n'ait pas entendu mais vu son air, limite paniqué, autre chose le préoccupait. Explication donnée, Hunter lui demanda de renter aussi. Elle espérait qu'il ne la prenait pas pour une de ces minettes qui gueulaient devant une araignée. Elle allait protester mais son regard le fit changer d'avis. d'autant plus qu'il incitait le chat à faire de même.

"Je crois qu'ils vont avoir peur plus vite que prévu ... Mais toi aussi, tu rentres dans ta chambre. J'en ai pas pour longtemps. De toute façon, ils n'arriveront pas à ouvrir."
- Eh…!! protesta Venioc.
- Allez, bougez ! Venioc, je t'ouvre la voie. Rejoins-moi à la lisière des bois."

Pas le temps de protester il était déjà parti.

"Il voulait dire quoi par "avoir peu plus vite que prévu" ?
- J'en sais rien !"

Venioc le regarda partir rapidement engloutit dans l'obscurité. Une nouvelle quinte de toux qu'il ne put retenir.

Venioc s'assura que la hérissonne remontait dans sa chambre puis se dirigea vers l'internat des garçons. Il arriva juste à temps pour voir une ombre assommer un hybride avec un sorte de long bâton. Il mit quelques secondes à comprendre qu'il s'agissait de l'échidné, il avait changer de vêtements pour une tenue plus sombre. Cela n'empêchait pas Venioc de la voir mais cela le dissimulait aux yeux des autres. Tandis que Hunter récupérait le corps inanimé du voyou, il avala la seconde pastille. La douleur ne s'éteignait pas, au contraire, d'avoir couru pour revenir n'avait fait que l'empirer. Le félin le rejoignit discrètement son regard s'arrêta un moment sur les deux corps allongés.

*J'vais pas les plaindre, mais j'aimerais pas être à leur place lorsqu'il se réveilleront.*

La voie était libre, Venioc entreprit l'ascension de la gouttière à la suite de Hunter. Un véritable supplice mais il arriva à la fenêtre sans encombre. Lorsqu'il s'engouffra dans la chambre, des coups à la porte se faisaient entendre. On essayait de forcer la barricade.

"Venioc, en caleçon et dans le lit. Discute pas."

Il ne chercha même pas à discuter, il vira son T-shirt qui atterrit avec précision sur la pile. Et s'engouffra dans son lit, remontant les couvertures sur son nez. Il entendit Hunter gueuler d'une voix rauque.

"Bordel ... Foutez-nous la paix ! On dort."

*Bon dieu ce type devrait faire du théâtre, il est doué pour jouer la comédie.*

Grand moment de silence, des pas précipités, le rhino qui gueule à son tour; puis de nouveau des pas lourds qui s'approchent cette fois et Venioc perçoit au travers de la couette la lumière blafarde de la lampe de poche du pion.

"C'est pas bientôt fini ce bordel ?
- J'pourrais vous retourner la question ... Quelqu'un s'amuse à taper à la porte depuis tout à l'heure."
- T'as rêvé.
- Nan, j'vous assure ! Pas vrai Veni ?

L'interpeller sortit le nez de la couette et murmura essayant de prendre une voix endormi lui aussi.

"Ca fait une plombe qu'on essaye de dormir et je sais pas qui s'amuse à tambouriner. J'veux dormir. "

Comme pour appuyer ses dires le félin poussa un bâillement sonore et rabattit la couverture sur sa tête. Le stratagème paya puisque le surveillant partit en grommelant et Hunter s'empressa de remettre sa protection en place. Venioc se redressa pour le regarder faire. Lorsqu'il sortit un katana, un frisson parcouru l'échine du félin.

*Mais c'est qui ce type ?*

"Ça, vois-tu, est ce que l'on appelle une 'arme de dissuasion'.
-C'est ce qu'on appelle une arme tout court… maugréa Venioc sans quitter la lame des yeux.
- C'est un souvenir. J'veux pas tuer de gens, juste les faire flipper ... Ce soir, on dormira pas. Mais eux non plus. Je compte aller rendre visite à Daïlaren ... Avec ceci. Juste une petite mise en scène version fenêtre et tenue noire."
- C'est moi qui commence a flipper, t'es pas net comme mec… Heureusement qu'on est pote parce que…"

Une quinte de toux l'empêcha de continuer, par réflexe il mit sa main devant sa bouche et lorsqu'il la retira, elle était rougie.

"Fout leur la frousse de leur vie. J'en ai assez de leurs conneries."

Venioc garda le regard fixé sur Hunter. Un instant de silence dans la chambre qui leur permit d'entendre des murmures. Dalïlaren avait plus d'un tour dans son sac.

Le loup le savait, à cause de l'intervention de Hunter, le pion allait être beaucoup plus prudent. Or la dizaine de personne planqués dans sa chambre était tout sauf discret. Alors il avait manigancé un stratagème pour se débarrasser le rhino. En tendant l'oreille, les deux garçons pouvaient entendre la conversation.

"Monsieur mon frère n'est pas bien. Il saigne encore du nez et se plein de maux de tête.
- Fait moi voir…"

Moment de silence.

"Bon je l'emmène à l'infirmerie, en espérant qu'elle ne soit pas encore partie. "

Au bout d'une dizaine de minutes, ils entendirent une porte se fermer, puis ce fut le silence dans le bâtiment.
Venioc regarda son compagnon de chambre, c'était le moment ou jamais.

"J'crois que tu n'auras pas de meilleure occasion. Si ça te dérange pas je vais éviter de faire des acrobaties ce soir. Va y seul."

Le chat aurait voulu assister à l'humiliation du loup mais il savait que ce ne serait pas raisonnable. Il avait vraiment besoin de repos, même si il ne dormait pas il fallait qu'il s'allonge. Il attendit que Hunter soit parti, il roula en boule la couette du troisième lit et la dissimula sous celle de Hunter. Cela donnait l'illusion que l'échidné dormait. Juste au cas où. Puis il s'allongea, trop excité pour dormir, il fixait le plafond, attentif au moindre son. Il ne pouvait pas voir la raclée mais il pouvait l'entendre. Après un moment de silence, il fut surpris par un son étrange qu'il mit quelques secondes à identifier. La barricade de Hunter. Quelqu'un la poussait. Venioc se redressa vivement, descendit de son lit et eut juste le temps de se planquer entre deux placards. Deux ombres avaient réussi à ouvrir la porte et pousser suffisamment le lit pour pouvoir se glisser à l'intérieur de la chambre. Dans la pénombre ils se dirigèrent vers les lits. Le premier était penché sur celui de Hunter. Il devait croire que son occupant dormait à point fermé malgré le boucan qu'avait fait le grincement du lit.

Venioc se jeta sur lui, la main sur son crâne, il l'envoya manger le mur. Il y eut un bruit sourd puis l'hybride s'effondra au pied du lit. Le second, l'attrapa par l'épaule gauche pour le retourner. Ce que fit le félin mais il passa son bras autour de celui de l'agresseur de manière à faire pression sur son coude. Un mouvement sec et un craquement sonore résonna, suivi d'un cri qui se stoppa brusquement quand le félin écrasa son poing libre sur le nez de l'hybride.

*Faudra que je pense à remercier Zel pour ses leçons de self défense.*

Le rouquin enjamba le corps et alla replacer le lit. Il ne voulait pas que d'autres arrivent. Le reste se passa très vite, si vite qu'il ne put réagir. Il perçut un mouvement dans son dos, un contacte froid sur sa peau, puis la décharge. Le premier agresseur s'était relevé et venait de le paralyser avec un taser. Venoic poussa un cri qui dut réveiller tout l'internat puis s'effondra le corps parcouru de spasmes.

Bravo à moi, je l'ai fait flipper. 'Fin c'était prévisible ... Bon. Il n'est vraiment pas en bon état. Il tousse et crache du sang ... Quoiqu'avec ce qu'il a reçu, c'est normal. N'importe qui aurait réagi pareil. Le chat me donne le feu vert pour les emmerder ... Je suppose qu'il ne veut pas qu'on se fasse du souci pour lui. Très bien.
Je me rhabille en vitesse. Du noir, encore et encore ... Je récupère tout mon bazar ... Là. Allons-y maintenant. J'ouvre la fenêtre ...

"A tout à l'heure."

Et c'est parti ... Comme précédemment, je commence à descendre le long de la gouttière. Mais cette fois, à peine ai-je dépassé notre fenêtre que je me laisse tomber ... Pour planer directement jusqu'à la fenêtre de Daïlaren. C'est quitte ou double. Soit elle est ouverte et je rentre directement, soit elle est fermée et ... Soit je la casse, soit je me la prends. Au choix.

Chance. La fenêtre est restée ouverte. Je me pose en silence dans la chambre ... Personne. J'aurais du m'en douter. Ils doivent tous être montés ... J'ai peut-être fait une erreur. Mais il n'est pas trop tard pour rectifier le tir.
Je me concentre quelques secondes ... Pour que mon camouflage soit parfait, il me faut les yeux ... Ceux que j'arrive à obtenir lorsque nous sommes tous les deux au sommet. Mais cette fois-ci, je n'ai besoin que de ça. Pas de pouvoir. Pas de force. Pas de tatouages ... Ça y est. C'est parti.
J'ouvre la porte en silence. Regard discret à gauche puis à droite ... En bas de l'escalier. Il y a un gars. Un seul. Il me tourne le dos. C'est l'occasion de me débarrasser d'un type sans problème ...
Je m'élance en silence. Un, deux, trois grands pas ... Quelque chose me heurte le dos, me faisant trébucher en avant. Le type de devant se retourne ... Un couteau en main.
Une embuscade. J'aurais du m'en douter.

"... C'est qui ce type ?
- On s'en fout ! Défonce-le !"

Okay ... Au moins, les vêtements payent. Tout comme le regard. Le type qui m'a cassé une chaise sur le dos n'a pas vu la lame. Mais il a profité de mon déséquilibre pour se jeter sur moi ... Je suis à terre, avec un poids lourd sur le dos. Bien. Maintenant, faut que je me dégage de là ... Difficile à faire, avec un type qui tente de me fracasser la tête au sol. J'ai aucun appui. Le premier gars, celui qui me prend pour un fauteuil, me tient les bras ... Il ne me reste que mes jambes. Si j'arrive à bouger ce gros tas ...
Je tente une roulade sur le côté, histoire de déstabiliser mon premier adversaire. Le second, celui qui a un couteau, essaye de m'écraser la tête par terre en la tenant entre ses mains. Quel couillon ... Il ne se sert pas de sa lame. C'est que de la frime.
Après plusieurs tentatives plus ou moins réussies pour me rouler à droite ou à gauche, une ouverture se présente. Le type au-dessus de moi, déstabilisé, lâche mon bras gauche. Hmpf. Je suis gaucher, bouffon ... Et j'ai mal à la nuque. L'autre abruti continue à forcer. J'ai de plus en plus de mal à résister ... Ni une ni deux, mon poing siffle vers la tempe du type au couteau. Assommé, il me lâche et recule. L'autre essaye de rattraper mon bras. Malheureusement pour lui, j'ai posé ma main à terre ... Au final, c'est comme faire des pompes. Mais avec un bras. Doucement, je me soulève ... D'un seul côté, mais c'est suffisant. Le type ne tient plus et s'étale à ma droite. Il tient toujours mon bras, mais celui-ci est un peu plus libre de ses mouvements. J'envoie valdinguer le gros lard contre le mur et le finis d'un coup de poing dans le ventre. Je pourrais presque en faire une signature.
Je me relève, me massant la nuque.

"Enfoiré ! J'suis encore là !"

Et mon katana, c'est du flan ? Faut croire. Attends ...
Je sors la lame. Le type s'arrête net dans son élan. Il déglutit.

*A toi de jouer ...*

"Alors, merdeux, on se chie dessus, maintenant ?"

Il faudra vraiment que ce démon se mette au goût du jour. Bref. Je fonce, lame en avant ... Et change de position au dernier moment pour coller mon pied dans la tête du type. Il s'affale, inconscient.

"Bon, ça c'est fait ..."

Ça y est, je recommence à parler tout seul. M'enfin plus le temps de penser à ça. Je range la lame et monte l'escalier à toute vitesse. Arrivé à mi-chemin, je heurte deux gars qui bloquaient le passage. Encore déstabilisé ... Faut que je fasse gaffe.
Je commence à basculer en arrière.

"Vous venez avec moi !"

J'attrape les deux gars au col. Eux sont stables ... Ils me permettent de me redresser. Profitant de l'effet de surprise, je m'accroupis légèrement ... Et les envoie voler derrière moi, dans la descente.
C'est reparti ... Venioc avait dit dix ? Il n'en reste que quatre, alors ... Quatre plus Daïlaren.
J'arrive en haut, même pas essoufflé. J'avance tranquillement, jusqu'à discerner deux ombres devant la porte ... Ça me plaît pas du tout, ça. Mais pas du tout ... Je m'élance encore une fois dans le couloir. En courant, je sors ma lame ... De justesse. Une barre de fer vient à ma rencontre.

"Oh, c'est comme ça ?"

Un deux contre un s'engage dans le minuscule couloir. Mes deux ennemis ont une barre de fer chacun, et n'ont pas les mêmes états d'âme que moi. Je ne veux pas les toucher avec ma lame, car cela signifierait leur mort ... J'ai bien failli y passer, d'ailleurs, quand son ancien possesseur s'est battu contre moi.
Et merde ... J'arrive pas à passer leur garde. Ils sont bons, les enfoirés. Ils m'énervent ... Et dans la chambre, j'entends pas mal de boucan. Comme des bruits de lutte ... Qui se terminent finalement avec un grand cri. Bordel.

"Laissez-moi passer !"

Là, je commence vraiment à surchauffer. Impossible de passer ... Puisque c'est comme ça ...
Mes coups se font de plus en plus puissants. Puisqu'ils ne me laissent pas le choix ... Allez, bouffe celui-là. Tiens ... Lâche !
Et en effet, il lâche, se tenant le poignet. J'ai frappé tellement fort qu'il n'a pas eu d'autre choix ... Mon poing droit vole en plein dans son nez. Il s'écroule. Son acolyte, ne perdant pas son sang-froid, arrive à passer ma garde et m'enfonce sa barre dans le ventre ... Je me plie en deux, tête baissée. Il a de la force, l'enfoiré ...

"Daïlaren, vite !"

La porte de la chambre s'ouvre à la volée. Je lève légèrement la tête, mais avec la pénombre, difficile de voir mes yeux. L'encadrement de la porte laisse passer le loup noir ... Tenant le rouquin en otage. Putain, on est pas dans un film, les mecs ... Et merde. J'avais pas vu son couteau. Je baisse à nouveau la tête.

"Laisse-le-moi."

L'autre s'exécute. Ils inversent les rôles. Je n'ai toujours pas bougé, plié en deux. Ai-je vraiment mal ? Je ne peux pas dire non. Il m'a bien secoué. Mais ce que j'attends ... C'est que le loup noir reprenne la barre en fer lors de l'échange. Ce qu'il fait.
Ricanement sinistre de ma part ... Enfin pas tout à fait.

"Alors comme ça ..."

J'empoigne fermement la barre.

"On veut se salir les mains ?"

Nouveau ricanement, encore plus sinistre. Y a pas à dire, ses répliques sont nazes. Mais son rire fait flipper ... Je m'y suis pas encore tout à fait habitué.

*Déconne pas. Pas la peine de se lâcher ici ... Il est faible.*

Pas de réponse. Mais j'ai le sentiment qu'il n'interviendra pas plus qu'en faisant ma 'seconde' voix. Bien.
La barre vole soudainement vers la tête de Daïlaren. Mais elle est stoppée avant ...

"Et toi, tu crois m'avoir avec une feinte aussi pourrie ?"

Duel silencieux. Nous tenons chacun un côté de l'arme ... Mais je ne la tiens qu'à une main. La droite, en plus. Ça ne me met pas en position de force ... J'ai un léger avantage, cependant : la lame du katana est plus longue que la barre ... Je relève soudainement la tête, et plonge mon regard dans celui du loup. Son expression change brutalement. Il a peur ...

"Qui ... Qui es-tu ?"

Pas de réponse, hormis un nouveau ricanement. Je lève ma lame.

"J'ai faim ..."

D'un geste rapide, je viens la placer entre les yeux de mon ennemi.

"J'ai faim de sang ..."

Rire machiavélique. On gagne du terrain ... Je le sens faiblir. Il n'a pas vu arriver la lame. Il a vu mes yeux. Il a entendu sa voix ...

*On continue.*

Ce qui est bien, c'est que le démon sait tout ce que je pense, si je ne lui cache pas. C'est pourquoi, lorsque je tourne la tête vers Venioc, il susurre :

"Lui ... Je le veux. Il sent le sang ..."

J'espère qu'il ne me trahira pas sous le coup de la peur ... Je reviens vers Daïlaren.

"A moins ce que tu ne tiennes plus à la vie, jeune loup ?"

Tremblement. Je le sens à travers la barre. Ses mains sont moites. elles glissent ... C'est le moment.
Je me décale sur le côté, tire l'arme vers moi, puis en assène un coup sur la tête de mon adversaire. Je le finis d'un coup de pied bien placé. Son sous-fifre, derrière lui, retient toujours Venioc en otage ... Mais il me semble bien moins sûr de lui, tout à coup. La lame de son couteau pointe vers le sol. Il ne fait plus attention à ce qu'il fait ...
Je m'approche de lui, ma propre lame traînant au sol.

"Laisse-moi ... Laisse-moi l'étriper ... Ou je t'étripe aussi ..."

Il est très convainquant, rien à dire de ce côté-là. Un peu trop, même. Le type pousse un cri, lâche le couteau et se barre en courant.
Je baisse la tête, tourne le dos à Venioc, ferme les yeux ... Je passe ma main dessus, comme pour en enlever quelque chose ... Puis je les rouvre, et fourre ma main dans ma poche. Puis je m'éclaircis longuement la gorge, comme si je tentais de retrouver une voix normale. Je relève enfin la tête et fais face au chat, tout sourire.

"Convaincant, non ? J'espère que je ne t'ai pas trop fait flipper ..."

Je range la lame.

"Dis-toi que c'était bien pire, où j'étais."

Il interprète ça comme il veut. Bref.

*En effet. En tout cas, j'ai trouvé ça drôle ... J'ai bien mangé, aussi. Ils étaient morts de trouille.
- Très drôle.*

Faut que j'aille faire le ménage. J'entre dans la chambre ... Ah, les deux derniers sont là. Je les charge sur mon épaule, puis les amène dans la chambre de Daïlaren, puis les fais passer sous sa fenêtre. Tous sauf un.
Je fais plusieurs allers-retours, emportant tous les corps inertes là-bas. J'ai pas peur qu'il arrive quelque chose à Venioc, vu qu'ils sont tous HS ... Mais quand même. J'espère que je n'ai pas trop poussé le truc. Les gens ne sont pas habitués à voir des choses anormales, contrairement à ceux d'il y a plusieurs milliers d'années ... C'est compréhensible. La magie disparaît peu à peu. Tout comme les esprits ...

Fin du dernier voyage. Je ferme enfin la porte de la chambre, mais je reste pas loin. Je veux écouter la suite ...

"J'espère qu'on va pouvoir dormir, maintenant. J'en ai ras-le-cul."

C'est de nouveau le silence dans l'internat. Personne n'est sorti de sa chambre. Ils ont plus du avoir la trouille qu'autre chose ... Ah, ces jeunes. M'enfin faut avouer que c'était fort de café. Même si j'aime pas le café.
Au loin, on entend le pion rentrer. Il laisse Kline devant sa chambre. On entend une porte se fermer, puis c'est le silence complet. Nul doute que le merdeux a crisé en voyant son frère assommé ... M'enfin. Il a pas ouvert sa grande gueule. J'pense qu'il doit être mort de trouille, ouais ... On verra bien demain.
Je me déshabille à nouveau et retourne m'allonger.

"Bonne nuit, petit."

Je n'arriverai pas à dormir, je le sais. Et lui non plus, d'ailleurs. M'enfin, qui ne tente rien n'a rien.

Pendant un moment, tout ne fut que brouillard, son étouffé et flottement. La décharge passée, le chat s'était écroulé au sol à peine conscient. Il ne pouvait plus bouger, ses muscles lui refusaient tout effort. Mais il entendait c'était diffus, difficilement compréhensible. Il y avait ce bourdonnement dans son crâne qui ne cessait pas. Cette voix, il la connaissait, c'était le loup noir. Il cherchait Hunter et ne le trouvant pas dans son lit, semblait furieux. Un raffut pas possible venant du couloir. C'était un beau bordel dans le bâtiment, pourtant si tout le monde était réveillé, personne n'osait sortir des chambres c'était plus prudent. Venioc se sentit soulever. On le remettait un peu brutalement sur pied. Il se redressa peu a peu ses sens lui revenaient et la lame qu'on avait glissé sous son cou aidait beaucoup.

"Il est où ton copain ?"

La bouche pâteuse, Venioc improvisa une réponse. D'ordinaire il aurait répliqué de manière ironique et subtile mais là il était à bout de nerf, fatigué et de méchante humeur.

"Va te faire fou…"

La lame lui entailla la peau, pas assez pour faire couler le sang mais cela suffit à lui couper la parole.

"On reste polis ! C'est lui qui fait tout ce raffut, on va vite le savoir."

Daïlaren lui bloqua le bras droit plié dans le dos, son arme sous la gorge et le força à avancer dans le couloir en ouvrant la porte d'un coup de pied. Venioc reconnu immédiatement l'hybride en habit sombre plier en deux. Le loup ordonna à son sous-fifre de changer de place, ce fut donc un singe bleu qui passa dans son dos pour le retenir. Pas un instant pendant l'échange la lame ne quitta sa gorge. Il se trouvait dans une situation des plus désagréable et très humiliante. La discussion entre les deux amis dans le bois lui revint en mémoire. N'était il donc pas capable de se défendre seul ? Il ne put qu'assister à l'échange, impuissant. Terriblement impuissant.

"Alors comme ça ... On veut se salir les mains ?"
- Et toi, tu crois m'avoir avec une feinte aussi pourrie ?"

Venioc n'était pas rassuré mais son geôlier non plus, surtout lorsque Hunter releva la tête laissant apparaître un regard qui n'avait rien d'hybride. Le macaque terrifié renforça un peu la pression sur la lame, cette fois quelques gouttes perlèrent sur sa fourrure. Venioc retint un cri et serra les dents.

"Qui ... Qui es-tu ?"
- J'ai faim ... J'ai faim de sang ..."
'
Hunter venait d'un geste vif de placer sa lame juste entre les deux yeux du loup, Daïlaren semblait bien moins sur de lui et son acolyte encore moins,Venioc sentait la lame trembler il le tenait de moins en moins fortement. A vrai dire si le chat n'avait pas su que Hunter se dissimulait derrière ce déguisement digne d'halloween, il aurait eu la frousse de sa vie lui aussi. Enfin il n'était pas vraiment rassuré.

"Lui ... Je le veux. Il sent le sang ... A moins ce que tu ne tiennes plus à la vie, jeune loup ?"

Le loup noir avait définitivement perdu son assurance, il était tremblant et Hunter en profita pour en finir. Puis se tournant vers Venioc et le singe, il avança vers eux avec un air de psychopathe, traînant son sabre sur le sol.

"Laisse-moi ... Laisse-moi l'étriper ... Ou je t'étripe aussi ..."

Le singe était mort de trouille. Venioc ne le vit pas mais il le sentit, l'hybride bleu devint livide et mouilla son pantalon avant de s'enfuir en criant, abandonnant ses amis. Le chat n'était plus retenu, il vacilla ses jambes n'ayant pas retrouvé toutes leur force et s'appuya contre le mur proche. Il ne jeta même pas un regard vers les agresseurs, il fixait l'échidné. Celui-ci enleva des lentilles, ce fut du moins ce que crut le félin mais pourtant il ne l'avait pas vu les mettre. Pas dans la chambre en tout cas. Encore un mystère de plus sur son nouvel ami.

"Convaincant, non ? J'espère que je ne t'ai pas trop fait flipper ... Dis-toi que c'était bien pire, où j'étais."

Venioc ne répondit pas. Oui il avait eu peur mais pas vraiment à cause de l'échidné. Il songeait aux conséquences, il songeait à son impuissance. Se sentir aussi dépendant de quelqu'un c'était insupportable. Zelquia ça passait encore c'était son amie comme sa soeur. Cela le minait, le mettait en colère. Sans un mot, il regagna sa chambre tandis que Hunter faisait le ménage. Lorsque celui ci revint, le chat roux n'avait pas bougé d'un centimètre, toujours assis sur son lit la tête dans les mains.

"J'espère qu'on va pouvoir dormir, maintenant. J'en ai ras-le-cul."

Hunter resta un moment à la porte à écouter puis retourna se coucher.

"Bonne nuit, petit."

Venioc soupira, il resta un long moment assis sans bouger. Puis il finit par se lever sans un bruit, il prit une photo dans le tiroir de sa table de chevet et avec toute la discrétion et la souplesse qui caractérise son espèce, il passa par la fenêtre. Il ne voulait pas descendre, il monta jusqu'au toit. Là, il s'installa sous la lune brillante et regarda la photo. Ils lui manquaient tellement. Il se sentait inutile, encombrant exactement comme pour l'accident. Il n'avait rien pu faire pour l'empêcher. La famille de Zelquia était modeste, ils se retrouvaient avec un enfant supplémentaire, incapable de se débrouiller seul. Les évènements de ce soir lui en avaient donné une nouvelle preuve. Jamais il n'avait pu partager sa douleur avec quelqu'un. Il se sentait terriblement seul.

Il l'avait entendu monter mais il ne se retourna pas vers lui.

"Ça va, petit ? Pas trop secoué ?"

Venioc passa son avant bras sur ses yeux pour essuyer les larmes naissantes. Déjà qu'il avait l'impression d'être un raté, si en plus Hunter le voyait pleurer...
Il voulut répondre, il cherchait une phrase ironique, quelque chose de drôle ou de décalé pour que l'échidné ne s'inquiète pas mais rien ne venait. En fait la rixe de ce soir était déjà oubliée. Il restait les blessures et les courbatures mais ça il savait qu'elles disparaîtraient avec le temps.

"Ça ira mieux demain !"

C'etait tout ce qu'il avait trouvé à répondre. Non il n'allait pas bien et oui il était secoué mais pas pour les raisons que l'échidné s'imaginait. Venioc n'était pas vraiment effrayé par Hunter, il ne savait rien de toute façon. Pour lui c'était juste un jeune comme les autres sachant se défendre. Comme la plupart des gars sauf lui. Lui devait compter sur les autres pour se défendre. Lui devait embarquer son amie dans ses histoires alors qu'elle avait bien mieux à faire. Lui qui était finalement un poids pour tout ceux qu'il croisait et Hunter ne faisait pas exception.

"Je sais que je suis là depuis une journée seulement ... Je sais que je suis un peu flippant sur les bords ... Mais si quelque chose te tracasse, tu peux toujours m'en parler."

*Un peu flippant ? Beaucoup même.*

Pouvait il lui faire confiance, Venioc ne se posait même pas la question c'était l'évidence même. Peut être faisait il trop facilement confiance. Ses iris améthyste se posèrent sur la photo. Pour eux aussi il avait été un poids ? Si seulement il était venu avec eux. Si il n'avait pas fait la tête ce jour là. Est-ce que si il avait été dans la voiture l'accident aurait eu lieu ? "Avec des si, on refait le monde" lui répétait souvent Zelquia mais il ne lui restait que ça.

Sans bouger de sa place et sans regarder l'échidné, il lui tendit la photo. Dessus on pouvait voir une famille. Une jolie chatte blonde au regard mauve installée sur un lit d'hôpital, elle tenait dans ses bras une petite boule de poil rousse enveloppée dans un drap rose. A ses côtés se tenait fièrement un hybride chat au pelage flamboyant. Son regard se posait avec bienveillance sur le nourrisson. Le portrait d'une famille heureuse, sereine qui célébrait l'arrivée d'une nouvelle vie. Il n'avait pas besoin de l'expliquer, la ressemblance entre son père et lui était flagrante. Venioc était son portrait craché, même pelage, même attitude, même visage. Seul ses yeux changeaient. Il avait ceux de sa mère.

"Tes parents te manquent quand tu es à l'internat ?"

Question banale mais dont la réponse comptait beaucoup pour le chat. Suivant ce que l'échidné répondrait si il répondait découlerait leur relation future. Une simple camaraderie de colocataire ou une amitié plus profonde.